Angola: paludisme et corruption, deux indices de la faillite de l'Etat
En Angola, ancienne colonie portugaise, le paludisme reste l'une des premières causes de mortalité. L'Afrique subsaharienne enregistre 90% des cas de paludisme dans le monde et 92% des décès dus à cette maladie, qui se propage par des moustiques infectés.
Au palmarès des provinces touchées, celle de Luanda, la capitale, arrive en tête, avec plus de 75.225 cas et 117 décès, suivie de celle Benguela (centre-ouest) avec 43.751 cas et 213 décès.
Pendant la saison des pluies, des hôpitaux publics totalement dépassés
«Nous enregistrons chaque jour au moins 15 à 20 cas de paludisme dans notre hôpital», contre un ou deux seulement en saison sèche, constate le médecin pédiatre Miguel Sebastiao.
Les conséquences de cette pénurie sont sans appel.
Ana Joaquina a perdu sa sœur fin février. «Les médecins ont diagnostiqué le paludisme. L'hôpital n'avait pas de médicaments et on n'avait pas d'argent pour en acheter. Elle est morte», constate-elle simplement entre deux sanglots.
La corruption prive les malades de médicaments
Comme tous les autres services publics, la santé est étranglée par la crise économique qui frappe le pays depuis la chute en 2014 des cours du pétrole.
Les routes se transforment en mares à moustiques
Une chose paraît sûre, l'infection aura de beaux jours devant elle «tant que nous ne résoudrons pas le problème des ordures entassées dans les rues, des eaux stagnantes et du manque d'assainissement», prévient Miguel Sebastiao.
Avec la saison des pluies de septembre à mai, les routes en terre battue se transforment en mares où flottent les ordures, paradis pour les moustiques qui véhiculent le paludisme.
Dans certains quartiers de Luanda, les éboueurs ne sont plus passés pour ramasser les déchets depuis des mois. Là encore, la corruption des autorités est montrée du doigt.
Une population résignée
Devant l'ampleur de la crise, le gouvernement du président Joao Lourenço, qui a pris les rênes du pays en septembre 2017, a lancé mi-février 2018 un plan d'urgence de lutte contre le paludisme, avec désinsectisation et distribution de moustiquaires. Au nom du principe connu que la prévention reste le meilleur moyen de lutter contre cette infection parasitaire.
Mais la population, résignée, ne semble pas y croire.
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