Covid-19 : en suspendant le vaccin AstraZeneca, l'Afrique du Sud retarde son plan de vaccination
Une douche froide pour le pays qui venait d'en recevoir les premières doses.
Le 1er février, un avion cargo d'Emirates se posait sur le tarmac de l'aéroport Tambo de Johannesburg. A bord, les premières doses du vaccin d'AstraZenecca, en provenance d'Inde. Un million de doses pour commencer, puis 500 000 autres prochainement. Enfin, la campagne de vaccination contre le Covid-19 allait pouvoir commencer autour du 15 février en Afrique du Sud. En premier lieu, le personnel de santé devait être vacciné. Puis la phase 2 de la vaccination concernait les travailleurs essentiels, les personnes de plus de 60 ans et toute la population de plus de 18 ans atteinte de comorbidité, comme le diabète ou le sida. Hélas, le démarrage du programme de vaccination a été suspendu le 7 février après une étude montrant une efficacité "limitée" contre le variant local du virus.
AstraZeneca inefficace ?
Cette étude conjointe, menée par les universités de Wits (Johannesburg) et d'Oxford, vient de démontrer une certaine inefficacité du vaccin d'AstraZeneca à agir contre le variant sud-africain de la maladie. En fait, il n'offre qu'une protection limitée dans les cas de moyenne et de faible contamination. Certes, les essais ont porté sur un échantillon très faible, 2 000 personnes jeunes, ne souffrant d'aucune pathologie. Mais le vaccin n'a eu aucune efficacité contre le variant présent en Afrique du Sud, ont annoncé les responsables de l'étude.
Pour autant, AstraZeneca ne remet pas en doute l'efficacité de son vaccin dans les cas extrêmes. "Nous continuons de penser que notre vaccin peut protéger des formes graves de la maladie. Son action sur les anticorps neutralisants est comparable à celle des autres vaccins réputés efficaces dans les cas graves", a réagi l'entreprise dans un communiqué.
Mais justement, répond en écho Shabir Madhi, le responsable de l'étude pour l'université de Wits, "ce que ne dit pas l'étude, c'est si oui ou non le vaccin protège des cas sévères de la maladie".
Le plan vaccinal ajourné
Quoi qu'il en soit, l'Afrique du Sud a sur le champ interrompu la diffusion du vaccin. Les doses sont stockées dans l'attente d'études complémentaires. Bien évidemment, cela va retarder d'autant le lancement de la campagne de vaccination.
Selon le ministre de la Santé, Zweli Mkhize, "nos scientifiques doivent, rapidement, s'asseoir ensemble et déterminer quelle approche nous allons utiliser afin de déployer efficacement le vaccin AstraZeneca". "Quelles conditions doivent être remplies, ce que nous devons faire à propos de tout cela. Telle est la mission qui est confiée à nos scientifiques", a-t-il ajouté. Aucun plan B n'est donc pour l'heure à l'ordre du jour.
Dans une récente intervention, le président Ramaphosa avait annoncé que le pays recevrait en plus du vaccin AstraZeneca 12 millions de doses vaccinales dans le cadre du plan onusien Covax. Mais il ne précisait ni la date, ni la nature des vaccins. Or, il pourrait s'agir du vaccin AstraZeneca, en raison de la répartition faite très en amont.
L'épidémie recule
La bonne nouvelle pour le pays vient peut-être des derniers chiffres concernant l'évolution de l'épidémie. Moins de 2 500 nouveaux cas le 7 février, alors que le pic a été atteint le 9 janvier avec 21 000 cas.
Dans la province de Western Cape, l'une des plus touchées par la maladie, le taux de positivité des tests est passé de 50% lors de ce pic, à moins de 15% à la fin du mois de janvier. La décrue est également significative en ce qui concerne les hospitalisations. Sur les sept derniers jours, les admissions ont chuté de moitié, selon le cabinet du Premier ministre de la province, Alan Winde.
Accompagnant cette amélioration, les autorités ont allégé les restrictions sans pour autant les supprimer. Le couvre-feu est maintenu mais repoussé de 23h à 4h du matin. La vente d'alcool est de nouveau autorisée quatre jours sur sept et les tavernes accueillent désormais les clients. Les parcs et les plages vont également être de nouveau autorisés au public. L'Afrique du Sud souffle un peu, mais rien n'est encore gagné. Avec 46 000 décès et plus de 1,5 millions de cas, c'est le pays le plus touché du continent.
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