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Diaspora malgache: 1re communauté africaine en France après celles du Maghreb
La diaspora malgache est la principale communauté africaine en France, après celle des Algériens, Marocains et Tunisiens. Elle se caractérise par une forte proportion de femmes et un haut niveau d’éducation. Sa forte intégration sociale et géographique explique sans doute sa faible «visibilité». «La diaspora malgasy en France, une communauté oubliée?», se demandent les auteurs d'une étude.
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En raison de sa forte présence à La Réunion (17000) et à Mayotte (5000), la communauté malgache est la première communauté d’Afrique sub-saharienne en France, devant celles du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun ou du Mali, mais loin derrière le Maroc ou l’Algérie. C'est ce qui ressort d'une enquête (La Diaspora malgasy en France et dans le monde, une communauté oubliée?) menée par Mireille Razafindrakoto (IRD*-DIAL*), Nicolas Razafindrastima (INED*) Nirintsoa Razakamanana (IRD-DIAL) et François Roubaud (IRD-DIAL).
Pour des raisons évidentes de proximité géographique, plus d’un migrant malgache sur dix réside dans l’île de la Réunion. Les évaluations de la diaspora malgache en France varient autour de 140.000 personnes selon deux définitions possibles (migrants originaires de Madagascar, nés à Madagascar) et (Malgaches actuels ou à la naissance résidant en France, quel que soit leur lieu de naissance).
Près de neuf migrants malgaches sur dix choisissent l’Hexagone, une proportion largement supérieure à celle des autres pays d’Afrique francophone. Une migration plutôt ancienne: seuls 12% des Malgaches sont arrivés en France dans les cinq dernières années, 29% dans les 10 dernières années. 27% résident en France depuis 10 à 19 ans et 28% depuis plus de 20 ans.
Deux femmes pour un homme
Mais le fait le plus marquant de cette étude est la forte proportion de femmes (63%), soit près de deux femmes pour un homme. A titre de comparaison, la part des femmes est de 20 points inférieure chez les migrants d’origine malienne (43%). Cette forte présence féminine s’explique par les nombreux mariages mixtes (un motif important de migration).
C’est entre 30 et 40 ans que les femmes originaires de Madagascar sont les plus représentées par rapport à leurs homologues masculins: elles y sont près de trois fois plus nombreuses.
Autre différence, la répartition géographique. Alors qu’un grand nombre des migrants venant d’Afrique sub-saharienne résident en Ile-de-France – on y trouve 70% des migrants d’origine sénégalaise et 87% de ceux venant du Mali –, les migrants originaires de Madagascar ne sont «que» 32% en Ile-de-France. On constate également une présence plus forte dans les communes rurales.
Une diaspora particulièrement éduquée
58% des migrants d’origines malgaches ont obtenu le baccalauréat ou plus, alors que ça n’est le cas que de 45% des migrants d’Afrique sub-saharienne en général. Les hommes malgaches sont significativement plus diplômés que les femmes. Ainsi, chez les plus de 45 ans, 70% de chaque génération a atteint au moins le baccalauréat. « Cette proportion de 70%, étonnement stable dans le temps, souligne le caractère particulièrement sélectif de la migration historique en provenance de Madagascar » affirment les auteurs.
16% d’entre eux occupent des postes de «cadres ou de professions intellectuelles supérieures» et 19% des «professions intermédiaires», soit des proportions significativement plus élevées que celles des migrants sub-sahariens en moyenne (12% et 17% respectivement). Parmi les principales professions hautement qualifiées on compte les «ingénieurs en développement informatique» puis les «médecins hospitaliers non libéraux», les «professeurs agrégés certifiés du secondaire» et les «enseignants de l'enseignement supérieur».
A contrario, dans les premières professions moins qualifiées on trouve, dans l’ordre, les «conducteurs routiers salariés», ou encore les «cuisiniers, commis de cuisine». Pour les femmes, la situation est moins favorable et contraste avec celle des hommes.
«Communauté invisible»
«La diaspora malgache s’inscrit plus que les autres communautés dans une logique individuelle d’intégration dans la société d’accueil», écrivent les auteurs. «Elle est beaucoup plus souvent naturalisée que les autres diasporas (63%).» Par comparaison, seulement 25% des migrants du Mali sont devenus français.
«Les migrants originaires de Madagascar se singularisent donc par leur degré d’intégration à la fois familiale, sociale et spatiale. Cette spécificité explique sans doute leur faible "visibilité" en tant que communauté», concluent les auteurs.
*IRD Institut de recherche et Développement
*DIAL Développement, institution et mondialisation
*INED Institut national des Etudes démographiques
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