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«Les prostituées nigérianes travaillent pour les autres, jamais pour elles»
A 21 ans, Esther Ihowa, Nigériane d’origine résidant en région parisienne, s’engage dans l’association OM, un organisme missionnaire protestant qui vient en aide aux prostituées nigérianes qui vivent en France. Elle revient pour Géopolis Afrique sur le parcours de ces femmes au quotidien difficile.
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Quel est le parcours des prostituées nigérianes qui vont en Europe?
Elles viennent essentiellement des villages de l’Etat d’Edo, dans le sud du pays. Elles partent ensuite pour la Libye, où certaines commencent à se prostituer, puis prennent le bateau jusqu’en Europe, où elles arrivent en Italie si elles sortent vivantes de ce voyage risqué. Puis elles sont envoyées en France, en Suisse, en Allemagne…
La plupart du temps, elles ne savent pas ce qui les attend. Des trafiquants leur promettent l’Eldorado, leur disent qu’elles gagneront leur vie en ouvrant des salons de coiffure ou en s’occupant d’enfants. Du coup, même les parents de ces filles paient des sommes importantes aux trafiquants pour qu’ils les emmènent en Europe. Il arrive aussi que certaines sachent ce qui les attend: leurs grandes sœurs, qui se prostituent déjà là-bas, les encouragent à venir, en leur disant qu’elles peuvent faire des études.
Dans quelles conditions vivent-elles en France?
Beaucoup ne mangent pas à leur faim. Elles doivent reverser une grande partie de ce qu’elles gagnent aux trafiquants et aussi envoyer de l’argent au pays. Elles travaillent toujours pour les autres, jamais pour elles.
Peuvent-elles rentrer au pays?
C’est une option qu’on leur a déjà proposée avec notre association. Mais elles ont peur de la honte qu’elles auraient à leur retour. Elles redoutent aussi les conséquences du «juju», les rituels démoniaques qu’elles font avant de partir: si elles rentrent, elles craignent de devenir folles à cause de la magie. Du coup, notre but c’est de leur dire qu’on peut les aider, les accompagner vers une réelle liberté par la religion.
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