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Maroc : un instituteur qui appelait à la décapitation de bénévoles belges en short a été arrêté

Une vidéo montrant des volontaires travaillant sur un chantier en tenue estivale a suscité une intense polémique dans le pays.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des bénévoles belges sur un chantier au Maroc, le 3 août 2019. (YOUTUBE)

De jeunes bénévoles belges travaillant en short sur un chantier dans le sud du Maroc ont provoqué des réactions virulentes dans le pays. A tel point qu'un instituteur a été arrêté, lundi 5 août, après avoir appelé à les décapiter. L'homme, âgé de 26 ans, est poursuivi pour "avoir publié sur Facebook un message haineux"  (lien en arabe) contre ce groupe composé majoritairement de jeunes filles travaillant en plein air dans un village près de Taroudant, annonce mardi un communiqué de la Sûreté marocaine (DGSN).

Publié après la diffusion d'un reportage vidéo montrant ces bénévoles en train de terrasser un chemin en short sous un soleil de plomb, son message appelait à leur décapitation, en écho à l'assassinat de deux touristes scandinaves perpétré en 2018 par des Marocains radicalisés au nom du groupe Etat islamique, expliquent des médias locaux.

Cet homme, qui vivait dans le nord du pays, va être poursuivi pour "incitation à des actes terroristes", selon la DGSN.

"Tu sais ce qu'il te dit, son short ?"

Le message, supprimé depuis par son auteur mais dont des médias marocains ont fait une capture d'écran, est très largement commenté dans le pays. Ali El Asri, un député du parti islamiste, a ainsi publié un post virulent sur son compte Facebook, dénonçant la tenue vestimentaire des bénévoles belges. 

Depuis quand les Européens font-ils des travaux en tenue de baignade?

Ali El Asri, député du parti islamiste (PJD, à la tête de la coalition gouvernementale)

sur son compte Facebook

Aux internautes qui publient en réponse à son post des réactions indignées, il répond qu'il s'agit de "terrorisme laïque". 

A l'opposé, de nombreuses personnes ont pris la défense du groupe de volontaires et de leur travail. "Plutôt que de saluer l'abnégation, l'amour de l'autre, le courage, la détermination de ces jeunes femmes venues d'ailleurs qui n'avaient absolument rien à gagner à venir construire une route pour désenclaver un village du sud marocain, Ali El Asri, élu PJD au sein de la Chambre des conseillers, a préféré s'arrêter sur leur tenue, allant même jusqu'à tenter de jouer la carte de l'ironie. Malheureusement pour celui-ci, le second degré n'a pas plu à tout le monde, tant cela a manqué de finesse d'esprit", réagit Zineb Ibnouzahir, fondatrice du site internet Le Maroc des femmes, dans une chronique intitulée "Tu sais ce qu'il te dit, son short ?", en référence à la récente polémique de la chanteuse française Jenifer, et publiée sur le site Le 360. 

Le Maroc, qui met volontiers en avant son image de pôle régional de stabilité et sa culture de tolérance, arrive régulièrement en haut de tableau dans les classements consacrés aux pays dangereux pour les femmes faisant du tourisme seules.

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