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Nigeria : le dirigeant chiite Zakzaky libéré de prison pour se faire soigner

Alors que son mouvement, l’IMN, vient d’être interdit, Ibrahim Zakzaky, incarcéré depuis plus de trois ans, est autorisé par un tribunal à se rendre en Inde. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Les cadres de l'IMN réclament la libération de leur leader Ibrahim Zakzaky, le 11 juillet 2018 à Abuja. (NEXT24ONLINE / NURPHOTO)

Après le froid, le chaud. Et c’est peut-être un geste d’apaisement. "Le juge a ordonné que Zakzaky puisse prendre un vol pour l'Inde, pour y bénéficier d'un traitement médical ", a déclaré l'avocat Me Femi Falana à l'AFP. Le leader chiite avait été arrêté après des violences lors d’une procession religieuse. L’armée nigériane avait tiré, faisant plus de 350 morts.

A la tête de l’Islamic Movement of Nigeria (IMN), Ibrahim Zakzaky rêverait, selon ses détracteurs, d’installer une république islamique dans son pays à l’image de celle qui régit l’Iran. Les chiites, ultra minoritaires, subissent une répression sanglante de la part du régime.

Inspirée par la révolution iranienne de 1979, l'IMN est la première organisation à revendiquer un chiisme nigérian, dans un pays où la moitié des habitants sont des musulmans sunnites et l'autre moitié des chrétiens.

Qui sont ses fidèles ?

Les prêches enflammés de Zakzaky ont vite fait de séduire une partie de la jeunesse déçue par le pouvoir et se sont traduits par des millions de conversions. En 2019, il y aurait au bas mot trois millions de chiites, dans un pays de 190 millions d'habitants d’où ils étaient quasi absents il y a 30 ans.

Marche à Abuja au Nigeria pour réclamer la libération du chef chiite Ibrahim El Zakzaky, le 31 octobre 2018. (PAUL CARSTEN / X04222)

Le mouvement a installé son siège dans la ville de Zaria, au nord du pays (là où sévit Boko Haram). Or les autorités nigérianes ont toujours craint les minorités religieuses, nous dit Al-Jazeera.

Les processions, comme celle de l’achoura, où se mêlent ferveur religieuse et rigueur militaire, ont inquiété le pouvoir et entraîné une répression féroce du mouvement chiite. En 30 ans, les différents gouvernements ont ainsi multiplié les arrestations de leaders religieux.

Pourquoi la prison ?

Avec l’arrivée de Muhammadu Buhari au pouvoir en 2015, la tension est montée d’un cran avec l’IMN. Le président de la République condamne un "Etat dans l’Etat" jusqu’à ce que l’armée provoque un bain de sang à Zaria, tuant, selon Amnesty International, 350 personnes : hommes, femmes et enfants. L’armée parle d’un barrage routier érigé par des militants armés et d’une action en légitime défense. Une thèse dénoncée par les observateurs comme Amnesty ou Human Rights Watch.

Pour les observateurs, le pouvoir d’Abuja se comporte avec les chiites comme il le fait avec Boko Haram. La répression est féroce et aveugle. Et beaucoup s’inquiètent de voir l’IMN se radicaliser, tout comme Boko Haram l’avait fait en 2009, après la mort de son chef, tué par la police.

La fille du leader Ibrahim Zakzaky est d’ailleurs bien plus radicale que lui, réputé pacifiste. "Ils nous poussent à bout, au point où on dira 'C'est bon, défendons nous nous-mêmes et prenons les armes'", explique Suhailah Maleshiya.

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