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Ouganda: pénurie de sang dans les hôpitaux
En Ouganda, les hôpitaux manquent de sang. La presse locale a fait état de décès démentis par les autorités. Dans le même temps, des malades doivent être transférés dans d’autres établissements. En cause: les coupes dans les budgets sociaux, un système de distribution des produits sanguins déficient et des collectes de sang en baisse.
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«C’est un gros problème, qui touche tout le pays. (…) Presque tous les hôpitaux réclament du sang», explique Mukuzi Muhereza, secrétaire général de l’Association médicale ougandaise, cité par le Guardian. L’organisation, qui regroupe des médecins du service public de santé, précise que dans ce contexte, nombre d’opérations doivent être différées et les cas priorisés.
Selon le journal ougandais Daily Monitor, «des décès de femmes dans des maternités ont été rapportés à Kawempe (près de la capitale Kampala, NDLR) et à Arua (nord-ouest, NDLR). Cité par le quotidien, un médecin de l’hôpital de Mulago (près de Kawempe) explique: «Nous avons eu un certain nombre de décès (…) en raison d’une pénurie de sang. Mais je ne peux vous donner les chiffres. Nous devons d’abord vérifier dans les dossiers pour les vérifier.» La ministre de la Santé, Sarah Opendi, a réfuté ces informations.
«A l’hôpital de Jinja (sud-ouest du pays, NDLR), des patients en attente de transfusion, sont transférés» dans un autre établissement, a précisé le Daily Monitor.
Vacances estudiantines
Chaque année, les besoins en sang du pays s’élèvent à 340.000 lots par an, mais seulement 200.000 sont récoltés. En janvier 2017, on constatait déjà la même situation de déficit.
Comment expliquer cette pénurie? Elle est notamment liée à la désorganisation du secteur de distribution sanguine, estime une spécialiste de santé publique, Milly Katana, citée par le Guardian. Ses responsables «doivent rendre des comptes pour les fonctions qu’ils remplissent. Ils ne peuvent pas uniquement rester assis et profiter de voyages à l’étranger pour y faire des conférences», ajoute-t-elle.
Dans le même temps, les coupes budgétaires dans le secteur sanitaire et social aggravent la situation. Le budget du ministère de la Santé a ainsi baissé de 7,35% pour 2018-2019. En 2017, 7 milliards de shillings ougandais (1,575 million d’euros) ont été alloués aux services de transfusion alors qu’il en faudrait trois fois plus, estiment les spécialistes.
D’autres motifs expliquent la situation: les pannes de courant (qui perturbent la conservation des lots sanguins) et la baisse conjoncturelle du nombre de donneurs de sang en fin d’année. A cette époque, les étudiants, qui sont les plus gros pourvoyeurs, sont… en vacances de novembre à mi-février, ce qui fait évidemment baisser les stocks disponibles.
Face à cette situation, les autorités manifestent une certaine impuissance: «Que peut-on faire? Il n’existe pas d’usine capable de fabriquer du sang», explique la ministre de la Santé. Qui fait appel à la responsabilité de chaque citoyen pour donner du sang. Le ministère a donc lancé le 15 janvier une campagne de don. Laquelle doit durer six jours. Toutes les personnes en bonne santé, âgées de 15 à 65 ans, peuvent donner, rappelle un responsable sanitaire ougandais.
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