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République centrafricaine: l’aide alimentaire menacée par les violences

Près de deux millions de Centrafricains ont besoin d’une «aide alimentaire urgente», alerte l'ONU. La situation se détériore en raison du regain de violences des différents groupes armés, de la baisse de la production agricole, de l’accès limité à de l’eau potable et aux services de santé de base. Les violences menacent maintenant la distribution de l’aide alimentaire.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Distribution alimentaire dans le village de Makunzi Wali, en Centrafrique (avril 2017). (REUTERS/Baz Ratner )

 
«Les conditions nutritionnelles en République centrafricaine continuent de se détériorer en raison de l'insécurité persistante», a averti Hervé Verhoosel, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM). Une «attention et une action sont nécessaires pour prévenir une tragédie humaine», affirme-t-il.

Le pays compte 640.000 déplacés, dont 60% vivent dans des familles d'accueil, a indiqué le PAM qui se dit vivement préoccupé par la détérioration de la sécurité, notamment à Batangafo, Bambari et Zémio. Dans cette dernière localité, des maisons ont été incendiées et une partie de la population se serait réfugiée dans la brousse.

A Batangafo, dans le nord de la République centrafricaine, le camp de personnes déplacées situé au centre-ville a été incendié, comme de nombreuses maisons et un marché.

Crise alimentaire
Bambari est un centre stratégique pour la communauté humanitaire en RCA. «Un arrêt prolongé des activités dans la zone pourrait affecter les activités du PAM», a précisé Hervé Verhoosel qui avertit que l’action humanitaire dans toute la région du Sud-Est en serait perturbée.

Depuis 2013, la quasi-totalité du territoire de la Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés dans un pays classé parmi les plus pauvres au monde mais riche en diamants, or et uranium.

Dix-huit groupes armés opérant en Centrafrique combattent pour le contrôle des ressources et une influence locale dans un conflit qui a obligé plus d'un quart de la population à fuir son domicile.

Selon le centre d’analyses américain Enough Project, les groupes armés sont devenus «les premiers pourvoyeurs d'emplois pour une jeunesse désœuvrée» dans les zones rurales.

La criminalité se nourrit du chaos
Les violences reflètent, selon Enough Project, «l'enracinement et la professionnalisation d'un secteur d'activités en plein essor, celui de l'entrepreneuriat politico-criminel».

Dans le contexte géopolitique régional, dans lequel de larges territoires sont sous la coupe de milices armées, la crise centrafricaine a permis «des débouchés pour les mercenaires originaires des pays voisins, en particulier du Tchad et du Soudan», selon l'organisation américaine.

L’aggravation de l’insécurité risque, si elle se poursuit, de provoquer la suspension des distributions de nourriture et provoquer une tragédie humanitaire.

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