Cet article date de plus de douze ans.

Le chaos somalien

Depuis la chute du président Siad Barre en 1991, le pays est miné par l'instabilité politique, les violences et la guerre. Les tentatives pour rétablir une autorité centrale ont toutes échoué. La guérilla des insurgés islamistes shebab en lutte contre le gouvernement de transition (GFT), résiste à l'offensive du Kenya qui veut les déloger du sud et à celle de l'Éthiopie sur le front ouest.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Mogadiscio : attentat à la voiture piégée (17-02-2012) (AFP PHOTO / Mohamed Abdiwahab)

Des décennies de guerre civile et d'absence de gouvernement ont empêché le pays de se doter d'infrastructures de base et laissé la population dans une extrême pauvreté. Frappé de plein fouet par la récente sécheresse dévastatrice dans la Corne de l'Afrique, le pays est désormais plongée dans ce que l'ONU qualifie de plus grave crise humanitaire au monde.
La Somalie, accumule les fléaux, crise politique, conflit armé, famine, tandis que prospèrent les pirates et les rebelles islamistes radicaux shebab, affiliés à Al-Qaïda.

Le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT) de la République de la Somalie formé en 2004 et reconnu internationalement, tente de rétablir les institutions nationales. Sa position, d'abord précaire, a reçu le soutien des Etats-Unis et l’intervention de l’armée éthiopienne en 2006 a contribué à chasser l'Union des Tribunaux Islamiques (UTI) de la capitale, Mogadiscio. Mais l’UTI défaite s’est divisée en plusieurs factions différentes et les éléments les plus radicaux, y compris Al-Shebab, se sont regroupés pour poursuivre leur insurrection contre le GFT et la présence de l’armée éthiopienne en Somalie.

En 2007, le Conseil de Sécurité des Nations Unies autorise l’Union Africaine à envoyer une mission de maintien de la paix en Somalie (AMISOM) qui commence à se déployer à Mogadiscio. Au cours des années suivantes, Al-Shebab remporte des victoires militaires et prend le contrôle des principales villes et des ports à la fois au centre et au sud de la Somalie. En Janvier 2009, les troupes éthiopiennes se retirent du pays, laissant derrière elles la force de maintien de la paix de l’Union Africaine (UA), sous-équipée, comme seul protecteur du GFT.

Depuis, le GFT, soutenu par l'Occident, ne contrôle qu'une petite partie du territoire et doit faire face à la puissante insurrection des Shebab. Néanmoins l'AMISOM, constituée de près de 10.000 soldats, principalement ougandais et burundais, a enregistré récemment plusieurs succès contre Al Shebab, qui contrôle toujours de grandes parties du centre et du sud du pays. En août dernier, l'AMISOM a pris le contrôle de Mogadiscio, la capitale.

Somalie : les principaux protagonistes (AFP)


Nouvelle offensive des troupes Kenyanes et éthiopiennes
Après avoir été chassé hors de Mogadiscio par la force de l'Union africaine en Somalie, les islamistes shebab, sont confrontés aux armées kenyane et éthiopienne dans le sud et le centre du pays, mais ces gains militaires restent fragiles, préviennent les analystes.

Les forces éthiopiennes, épaulées par celles du gouvernement somalien de transition (GFT) ont pris, mercredi 23 février 2012, Baïdoa, sans livrer combat, les shebab, qui l'avaient conquise en 2009, ayant évacué la ville, pour des raisons «tactiques», ont-ils affirmé.

Le port de Kismayo, le plus important fief du sud somalien et leur centre de financement et d'approvisionnement, est désormais dans la ligne de mire des troupes kenyanes, entrées en Somalie en octobre. Mais les analystes préviennent que les shebab sont loin d'être défaits et pourraient désormais se tourner vers des tactiques de guérilla et des attentats, à l'instar de ceux qui ont frappé régulièrement Mogadiscio depuis août.

Loin de voir un progrès dans les récentes avancées militaires, les analystes jugent que la prise récente du bastion shebab de Baïdoa (sud) par les forces éthiopiennes sont en fait un simple retour en arrière de huit ans. Une déroute shebab ne serait de toute façon pas en soi une solution, ajoutent les experts : leur départ des vastes zones qu'ils contrôlent dans le sud et le centre laisserait la voie libre à d'autres rivalités.

A la veille de la réunion de Londres sur la Somalie, le 23 février 2012, le GFT a obtenu du Conseil de sécurité de l'Onu le feu vert à une augmentation des effectifs de l'AMISOM, la force de maintien de la paix de l'Union africaine. Selon une résolution votée à l'unanimité, celle-ci passera de 12.000 à 17.731 membres de forces armées et de police.    
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.