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Horreur dans le plus jeune pays du monde, le Soudan du Sud

La République du Soudan du Sud est née le 9 juillet 2011 après un référendum d'autodétermination organisé en janvier de la même année. Depuis la partition du Soudan, largement encouragée par une partie de la communauté internationale, ce nouveau pays d'environ 12 millions d'habitants connaît quasiment sans interruption l'horreur de la guerre civile.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Réfugiés du Soudan du Sud dans un camp de réfugiés au Soudan, au sud de Karthoum. Plus de 95.000 Soudanais du Sud sont entrés au Soudan, a déclaré l'ONU, alors que des milliers de personnes continuent à fuir la guerre et la famine dans la plus jeune nation du monde. (ASHRAF SHAZLY / AFP)
La guerre et la famine ont contraint plus de deux millions d'enfants du Soudan du Sud à fuir loin de chez eux, ce qui a créé la crise des réfugiés la plus préoccupante du monde depuis le génocide rwandais en 1994, selon les Nations Unies. Les images de réfugiés, d'enfants affamés et de combats montrent un pays en pleine crise. Une crise politique qui remonte à la naissance de ce jeune Etat.
 
«Malgré le processus d’accession à l’indépendance, la situation sécuritaire commence à se dégrader dès début 2011 avec l’apparition d’un arc de rébellions (Etats d’Unité, du Haut-Nil et du Jonglei). (...) A l’été 2013, le pays est également affecté par d’importants conflits intercommunautaires, principalement dans le Jonglei entre communautés Nuer et Murlé», peut-on ainsi lire sur le site du Quai d'Orsay. Dès la naissance du nouvel Etat, en effet, la situation politique est instable. Aux divisions ethniques s'ajoutent les ambitions personnelles, entre le président et son vice-président. 

Naissance d'une nation
Le Soudan du Sud est donc né d'une partition du Soudan en 2011. Partition qui s'est faite après une longue guerre, dont les débuts remontent à la création même du Soudan en 1956, entre le nord du pays à majorité musulmane et le sud, essentiellement chrétien ou animiste.  

Le 9 janvier 2005, un accord de paix a été signé à Nairobi avec John Garang, le leader historique de la résistance du Sud du pays. Il met fin à vingt-et-un ans de guerre civile. Cet accord prévoit un régime d'autonomie de six ans au Soudan du Sud, période à l'issue de laquelle un référendum d'autodétermination sera organisé.


Le 31 juillet 2005, John Garang meurt dans l'accident de l'hélicoptère ougandais qui le transportait, dans le sud du Soudan. La tension remonte d'un cran, des émeutes font de nombreuses victimes, la thèse de l'accident étant mise en doute par une partie de la population. 

Le référendum se tient cependant en 2011 et l'indépendance l'emporte extrèmement largement, avec une large participation de la population. Le nouvel État accéde à l'indépendance le 9 juillet 2011. En perdant plus d'un quart de son territoire, le Soudan perd également son « statut » de plus grand État d'Afrique, au profit de l'Algérie. En juillet de la même année, le Soudan du Sud devient le 193e État membre de l'ONU.


La guerre civile
Très rapidement après l'indépendance, la situation institutionnelle se tend. Le 23 juillet 2013, le président Salva Kiir limoge son vice-président Riek Machar. Sur fond de tensions ethniques entre les Dinkas (ethnie du président) et les Nuers (celle du vice-président), les affrontements font de nombreuses victimes et entraînent d'importants déplacements de population. 

Si la guerre civile à l'intérieur du pays n'a jamais cessé, le conflit frontalier avec le Soudan s'est apaisé à la suite d'accords internationaux, même si dans cette zone pétrolifère rien n'est vraiment réglé.

La richesse du sous-sol et son pétrole n'aident peut être pas à la résolution de la crise qui bouleverse le pays. Au point que certains voient dans les crises soudanaises le miroir d'un affrontement entre Pékin et Washington pour le contrôle du pétrole locale. Une thèse qui semble perdre du poids avec la surabondance actuelle de l'or noir...

Mais la rente pétrolière reste un atout pour ceux qui en bénéficient. Le gouvernement du Soudan du Sud est pour une large part responsable de la famine qui sévit dans certaines zones du pays en conflit, où le président Salva Kiir continue de piocher dans la rente pétrolière pour acheter des armes, estime un rapport confidentiel des Nations unies, cité en mars 2017 par l'agence Reuters.

Le vice-président Machar et le président Kiir en 2016 (de gauche à droite). (Charles Atiki Lomodong / AFP)
La crise est dramatique pour la population, dont plusieurs centaines de milliers (on parle de 3,5 millions de déplacés) ont dû fuir leurs habitations pour se réfugier à l'étranger ou dans des camps, comme celui de Malakal, qui compterait quelque 30.000 réfugiés sous la protection de la Minuss (force de l'ONU pour le Soudan du Sud). Avec son cortège de souffrances. Dont la faim.

Une nouvelle annonce de cessez-le-feu a été faite le 22 mai 2017 à Juba, la capitale du pays, par le président Kiir. Une déclaration à prendre avec prudence car ce n'est pas la première du genre. Sans avoir été suivie d'effets.

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