Tensions au Kenya : "On ne va pas s’asseoir et ne rien faire pendant que nos élections sont manipulées"
La police kenyanne a abattu deux opposants, mercredi, lors d'échauffourées contre le résultat de l'élection présidentielle. La situation est tendue dans tout le pays et notamment dans le quartier de Kibera, à Nairobi, un bastion de l'opposition.
Les violences post-électorales ont fait deux morts, mercredi 9 août, à Nairobi, au Kenya. La police a abattu deux manifestants dans le bidonville de Mathare, un quartier du nord-est de la capitale où des échauffourées ont éclaté après que l'opposition a accusé le pouvoir d'avoir fraudé lors des élections générales de mardi. Le président sortant, Uhuru Kenyatta, est donné gagnant du scrutin avec 54% des voix. Son adversaire, Raila Odinga, dénonce des fraudes massives et a appelé ses partisans à se mobiliser.
La situation est tendue dans tout le pays. Dans le quartier de Kibera, un bastion de l'opposition au centre de Nairobi, les habitants s'attendent au pire.
Dans les rues de Kibera, mercredi après-midi, les portes des commerces restent fermées, les visages sont inquiets et les télévisions sont allumées. Les hommes se rassemblent en groupe de cinq ou six et semblent prêts à l'action. "Si Kenyatta s’accroche au pouvoir, Kibera va s’enflammer, c’est sûr !, lance Félix, l'un des habitants du bidonville. On ne va pas s’asseoir et ne rien faire pendant que nos élections sont manipulées. On ne veut qu’une seule chose : Raila Amolo Odinga président, et rien d’autre." Ici, à Kibera, les mots sonnent presque comme il y a dix ans lorsque le quartier s'est embrasé. Les violences post-électorales de 2007 avaient fait 1 200 morts. Kibera avait été particulièrement touché.
Des barricades et des pierres
Frederick, lui aussi, vit à Kibera. Il estime que le pouvoir est déjà en place depuis trop longtemps. "Kibera est le bastion d’Odinga et de l’opposition et, comme par hasard, c’est ici qu’on vit le plus mal, dans les bidonvilles", affirme-t-il. Mercredi matin, des Kikuyus, la tribu du président sortant, auraient été attaqués ici même, à Kibera. Les habitants ont monté quelques barricades, brûlé des pneus et lancé des pierres mais ils ont été rapidement dispersés par la police.
C’est nous qui souffront le plus de la politique de ce gouvernement. Et c’est pour ça que tout peut exploser ici.
Frederick, habitant de Kiberaà franceinfo
Tous les regards se tournent désormais vers la commission électorale. Bernard, un autre habitant de Kibera, lui, attend beaucoup aussi des milliers d'observateurs internationaux présents dans le pays pour ces élections. "Kenyatta sait au plus profond de son cœur qu’il n’est pas populaire. Donc son plan aujourd’hui, c’est de faire intervenir la communauté internationale pour se maintenir au pouvoir à travers, par exemple, un gouvernement de coalition".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.