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Sommet de Lomé sur la piraterie: après le golfe d’Aden, le golfe de Guinée
Les dirigeants africains se réunissent du 10 au 15 octobre 2016 en sommet extraordinaire à Lomé pour «adopter une charte en vue de lutter efficacement contre la piraterie maritime», selon le ministre togolais des Affaires étrangères. L’ouest de l’Afrique, notamment le golfe de Guinée, est particulièrement touché par un phénomène, devenu beaucoup moins virulent dans le golfe d'Aden.
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«Tous les pays sont conscients du danger que représentent les actes criminels en mer», indique Robert Dussey. «La charte de Lomé sera un véritable texte juridique contraignant, avec plusieurs avantages pour les pays africains», a-t-il souligné. En précisant qu'au moins 205 attaques de navires ont été enregistrées dans le Golfe de Guinée de 2005 à mai 2015.
La zone côtière s'étendant du Sénégal à l'Angola est devenue, selon les experts, la nouvelle plaque tournante de la piraterie en Afrique, volant la vedette au golfe d'Aden, au large de la Corne de l'Afrique. En clair, le phénomène semble s’être déplacé de l’est à l’ouest de l’Afrique (ainsi que dans le détroit de Malacca, entre la Malaisie et l’Indonésie). «Dans le golfe de Guinée, les zones à très fort risque sont : le fond du golfe de Guinée entre la frontière Libéria-Côte d’Ivoire et la frontière République démocratique du Congo-Angola. Les zones à risques sont : les eaux territoriales et le large (zone de 100 milles marins) de la Guinée, de la Sierra Leone, du Libéria et de l’Angola», observe le site du ministère français des Affaires étrangères.
Dans le golfe de Guinée
Parmi les actes de cette piraterie, le siphonage de pétrole à bord de cargos et de tankers détournés dans une région riche en hydrocarbures, à commencer par le Nigeria. Généralement bien armés et violents, «les pirates du golfe de Guinée cherchent surtout à s'emparer de la cargaison des bâtiments qu'ils attaquent pour la revendre ensuite. Ils prennent également des membres d'équipage en otages», note l’INA. Plusieurs cas de décès ont été recensés.
«Ils détournent parfois les navires pendant plusieurs jours, le temps de piller les soutes, et brutalisent les équipages, de moins en moins enclins à naviguer dans ces eaux», rapporte de son côté le Bureau maritime international (BMI) cité par Jeune Afrique. Parmi eux, des Nigérians seraient particulièrement actifs : ils s’aventurent loin dans les eaux territoriales gabonaises, ivoiriennes et togolaises. «Les pirates qui essaiment dans toute la région viennent d’un Etat en particulier et créent des succursales dans les autres Etats», analysait en décembre 2014 Véronique Roger-Lacan, représentante spéciale de la France pour la lutte contre la piraterie maritime, elle aussi citée par Jeune Afrique. Sans pour autant donner le nom dudit Etat…
Pour l'instant, seules quelques initiatives nationales, bilatérales ou régionales existent pour faire face à la piraterie dans le golfe de Guinée.
Depuis 2013, aucun acte de piraterie n'a été commis dans les eaux togolaises où la sécurité a été renforcée, affirment les autorités de Lomé. En juin de la même année, les représentants des Etats riverains de la zone s’étaient réunis à Yaoundé (Cameroun) et avaient décidé de créer un centre de coordination contre la piraterie et des centres régionaux. Mais ces structures «manquent toutefois encore d’ordinateurs, d’imagerie, les marines nationales de patrouilleurs et de vedettes rapides, et le dialogue interrégional n’est pas toujours au rendez-vous. Marines, polices maritimes et gardes-côtes se regardent en outre souvent en chiens de faïence», souligne Jeune Afrique.
Militaires dans le golfe d’Aden
Pour le golfe d’Aden, les observateurs constatent que le phénomène a quasiment disparu. En 2011, le BMI recensait 237 attaques attribuées à des pirates somaliens, 75 un an plus tard. 15 en 2013. Et aucune en 2015.
Les spécialistes attribuent cette évolution au renforcement des mesures de sécurité. Les armateurs ont fait appel à des sociétés privées de sécurité, hérissé leurs navires de barbelés, augmenté la vitesse des embarcations….
Dans le même temps, des opérations militaires sont montées dans la zone depuis 2008. C’est le cas d’Ocean Shield (Bouclier de l’Océan), action dirigée par l’OTAN à la demande de l’ONU. Et d’Atalante, lancée par l’UE. Elle réunit une vingtaine de navires, dont une frégate française, et 1800 militaires. Les soldats français sont déjà directement intervenus : en 2008, certains des pirates qui avaient arraisonné le voilier Le Ponant ont ainsi été arrêtés en Somalie et jugés en France. D’autres pays mènent eux aussi des actions militaires : Russie, Chine, Japon, Inde…
Des pays d’autant plus enclins à intervenir que la piraterie somalienne a pesé sur l’économie mondiale. En 2013, elle lui «coûtait (…) 18 milliards de dollars annuels, renchérissant d'autant le coût des échanges, un montant qui éclipse le chiffre estimé de quelque 53 millions de dollars annuels payés en moyenne en rançons depuis 2005», selon un rapport de la Banque Mondiale cité par L’Observateur.
Mais rien ne dit que le phénomène ne va pas revenir dans la région. «Les racines de la piraterie en Somalie n’ont pas disparu et sont les conséquences directes de la situation chaotique dans laquelle est plongé le pays, depuis le début de la guerre civile, en 1991», selon un spécialiste, Bernard Monnet (interviewé par l’Obs). D’anciens pirates ont ainsi menacé de reprendre leurs pratiques, rapporte Géopolis : «Ils accusent les bateaux usines étrangers d’écumer les eaux territoriales somaliennes et de les vider de leurs poissons.»
La zone côtière s'étendant du Sénégal à l'Angola est devenue, selon les experts, la nouvelle plaque tournante de la piraterie en Afrique, volant la vedette au golfe d'Aden, au large de la Corne de l'Afrique. En clair, le phénomène semble s’être déplacé de l’est à l’ouest de l’Afrique (ainsi que dans le détroit de Malacca, entre la Malaisie et l’Indonésie). «Dans le golfe de Guinée, les zones à très fort risque sont : le fond du golfe de Guinée entre la frontière Libéria-Côte d’Ivoire et la frontière République démocratique du Congo-Angola. Les zones à risques sont : les eaux territoriales et le large (zone de 100 milles marins) de la Guinée, de la Sierra Leone, du Libéria et de l’Angola», observe le site du ministère français des Affaires étrangères.
Dans le golfe de Guinée
Parmi les actes de cette piraterie, le siphonage de pétrole à bord de cargos et de tankers détournés dans une région riche en hydrocarbures, à commencer par le Nigeria. Généralement bien armés et violents, «les pirates du golfe de Guinée cherchent surtout à s'emparer de la cargaison des bâtiments qu'ils attaquent pour la revendre ensuite. Ils prennent également des membres d'équipage en otages», note l’INA. Plusieurs cas de décès ont été recensés.
«Ils détournent parfois les navires pendant plusieurs jours, le temps de piller les soutes, et brutalisent les équipages, de moins en moins enclins à naviguer dans ces eaux», rapporte de son côté le Bureau maritime international (BMI) cité par Jeune Afrique. Parmi eux, des Nigérians seraient particulièrement actifs : ils s’aventurent loin dans les eaux territoriales gabonaises, ivoiriennes et togolaises. «Les pirates qui essaiment dans toute la région viennent d’un Etat en particulier et créent des succursales dans les autres Etats», analysait en décembre 2014 Véronique Roger-Lacan, représentante spéciale de la France pour la lutte contre la piraterie maritime, elle aussi citée par Jeune Afrique. Sans pour autant donner le nom dudit Etat…
Pour l'instant, seules quelques initiatives nationales, bilatérales ou régionales existent pour faire face à la piraterie dans le golfe de Guinée.
Depuis 2013, aucun acte de piraterie n'a été commis dans les eaux togolaises où la sécurité a été renforcée, affirment les autorités de Lomé. En juin de la même année, les représentants des Etats riverains de la zone s’étaient réunis à Yaoundé (Cameroun) et avaient décidé de créer un centre de coordination contre la piraterie et des centres régionaux. Mais ces structures «manquent toutefois encore d’ordinateurs, d’imagerie, les marines nationales de patrouilleurs et de vedettes rapides, et le dialogue interrégional n’est pas toujours au rendez-vous. Marines, polices maritimes et gardes-côtes se regardent en outre souvent en chiens de faïence», souligne Jeune Afrique.
Militaires dans le golfe d’Aden
Pour le golfe d’Aden, les observateurs constatent que le phénomène a quasiment disparu. En 2011, le BMI recensait 237 attaques attribuées à des pirates somaliens, 75 un an plus tard. 15 en 2013. Et aucune en 2015.
Les spécialistes attribuent cette évolution au renforcement des mesures de sécurité. Les armateurs ont fait appel à des sociétés privées de sécurité, hérissé leurs navires de barbelés, augmenté la vitesse des embarcations….
Dans le même temps, des opérations militaires sont montées dans la zone depuis 2008. C’est le cas d’Ocean Shield (Bouclier de l’Océan), action dirigée par l’OTAN à la demande de l’ONU. Et d’Atalante, lancée par l’UE. Elle réunit une vingtaine de navires, dont une frégate française, et 1800 militaires. Les soldats français sont déjà directement intervenus : en 2008, certains des pirates qui avaient arraisonné le voilier Le Ponant ont ainsi été arrêtés en Somalie et jugés en France. D’autres pays mènent eux aussi des actions militaires : Russie, Chine, Japon, Inde…
Des pays d’autant plus enclins à intervenir que la piraterie somalienne a pesé sur l’économie mondiale. En 2013, elle lui «coûtait (…) 18 milliards de dollars annuels, renchérissant d'autant le coût des échanges, un montant qui éclipse le chiffre estimé de quelque 53 millions de dollars annuels payés en moyenne en rançons depuis 2005», selon un rapport de la Banque Mondiale cité par L’Observateur.
Mais rien ne dit que le phénomène ne va pas revenir dans la région. «Les racines de la piraterie en Somalie n’ont pas disparu et sont les conséquences directes de la situation chaotique dans laquelle est plongé le pays, depuis le début de la guerre civile, en 1991», selon un spécialiste, Bernard Monnet (interviewé par l’Obs). D’anciens pirates ont ainsi menacé de reprendre leurs pratiques, rapporte Géopolis : «Ils accusent les bateaux usines étrangers d’écumer les eaux territoriales somaliennes et de les vider de leurs poissons.»
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