Tunisie : manifestations à Sidi Bouzid, foyer de la révolution
TUNISIE - Plus d'un an et demi après que Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu, marquant le début de révolution tunisienne, une nouvelle manifestation contre les conditions de vie a eu lieu à Sidi Bouzid, jeudi.
Des dizaines de manifestants ont attaqué jeudi 26 juillet le siège du gouvernorat à Sidi Bouzid (Tunisie), recevant en réponse des tirs de sommation et des gaz lacrymogènes. C'est dans cette ville que Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu le 17 décembre 2010, marquant le début de la révolution tunisienne.
Les contestataires, des ouvriers privés de salaire depuis plusieurs semaines, avaient manifesté pacifiquement ces derniers jours, en vain. Jeudi, ralliés par leurs proches et des habitants de la ville, ils ont mis le feu à un pneu avant de le jeter à l'intérieur du bâtiment du gouvernorat et ont aussi tenté d'incendier le local du parti islamiste au pouvoir, Ennahda.
Des agents de la sécurité ont riposté en procédant à des tirs de sommation et de grenades lacrymogènes, a constaté un correspondant de l'AFP. "Voici de nouveau la police de Ben Ali", ont crié les manifestants en lançant des pierres en direction des policiers, qui étaient appuyés par des unités de l'armée. Le ministère de l'Intérieur a démenti cette intervention violente des forces de l'ordre, précisant que le calme avait été rétabli. Aucun blessé n'a été signalé.
"Quelle valeur pour une démocratie qui ne nourrit pas les ventres affamés ?"
La veille, jour de la Fête de la République, comme pour répondre aux manifestations, le président tunisien, Moncef Marzouki, avait déclaré devant l'Assemblée constituante : "Quelle valeur pour une démocratie qui ne nourrit pas les ventres affamés ?" Selon lui, le peuple pourrait se révolter à nouveau si les espoirs de la révolution sont déçus. "Le peuple qui vous a élus n'acceptera pas une démocratie de façade, il pourrait alors être poussé à une nouvelle révolution", a t-il déclaré.
Par ailleurs, le président a une nouvelle fois assuré que l'objectif était la tenue d'élections générales au printemps 2013, après l'adoption d'une nouvelle Constitution. Cependant, des désaccords profonds opposent les membres de la coalition au pouvoir concernant la nature du régime qui découlera de la nouvelle loi fondamentale, et aucun compromis n'est en vue.
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