Coronavirus en Tunisie : la gestion rigoureuse de la pandémie a contribué à limiter les dégâts
Le pays a été relativement épargné par rapport à ses voisins maghrébins. Le système de santé "n'a à aucun moment été débordé" grâce aux mesures prises pour freiner la propagation de la Covid-19.
C'est l'un des pays les moins touchés par la Covid-19 au Maghreb mais aussi sur l'ensemble du continent africain. Depuis l'annonce du premier cas enregistré le 2 mars, le pays a été relativement épargné : moins de 1 500 cas confirmés, dont une cinquantaine de morts au 27 juillet 2020. Des chiffres qui montrent que la pandémie a été bien contenue grâce aux mesures de prévention mises en place par le gouvernement tunisien formé en février. "Les nouvelles autorités ont mis en place très rapidemment une série de mesures, de manière à ce que la Tunisie se transforme en île", confie à RFI, Madame Oissila Saaidia, directrice de l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, basé à Tunis.
Le système de santé tunisien a fait face
Dès le 22 mars, les autorités instaurent un couvre-feu nocturne et interdisent les rassemblements de plus de trois personnes dans l'espace public. Seuls les services de première nécessité sont autorisés à poursuivre leurs activités. Le pays s'installe pour la première fois dans un confinement généralisé. Pour Oissila Saaidia, toutes ces mesures impopulaires ont incontestablement contribué à freiner la propagation rapide de l'épidémie dans le pays. Résultat : le système de santé tunisien n'a, à aucun moment, été débordé.
Il faut savoir qu'en Tunisie, le système de santé très fort qui a été mis en place durant les années Bourguiba a été mis à mal par les grandes réformes néolibérales. Le système public est beaucoup moins fort que ce qu'il a pu être. Mais il a fait face malgré tout, d'autant plus que le nombre de malades n'était pas important
Ossila Saaidia, directrice de l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Tunis)à RFI
Le confinement général du pays sera reconduit à maintes reprises malgré les protestations d'une partie de la population totalement démunie qui appelle au secours.
Laissez-moi ramener du pain à mes enfants ! Peu importe si je meurs. Je partirai en martyr
Un contestataire tunisien du confinementà l'AFP le 1er avril 2020
Face à la colère qui gronde, le président tunisien Kaïs Saïed se veut compréhensif et tente de rassurer ses compatriotes totalement désemparés dans les quartiers déshérités.
On dit aux gens de rester chez-eux, mais comment vont-ils vivre ? Ce sont des réactions logiques, surtout de la part des plus pauvres
Kaïs Saïed, président de la Tunisiedans une déclaration à la presse
Dès le 21 mars, le gouvernement tunisien annonce un plan d'aide de 800 millions d'euros pour les populations démunies. Les plus vulnérables reçoivent des primes spéciales. Le remboursement des crédits bancaires est reporté pour les petites bourses. L'électricité, l'eau et le téléphone sont maintenus pour les ménages devenus insolvables. Dans le même temps, les autorités annoncent la création d'un fonds spécial de soutien aux entreprises en difficultés.
Pour Madame Saaidia, toutes ces mesures ont permis d'éviter une tragédie mais, ajoute-t-elle, cette crise sanitaire a révélé des inégalités sociales, culturelles et économiques criantes. "Ce qui m'est apparu, c'est que tous les secteurs ont été touchés. On a des fractures régionales, des fractures entre l'urbain et le rural... Certaines inégalités sociales qui, jusqu'alors, étaient conjoncturelles, vont devenir structurelles", explique-t-elle à RFI.
A quoi peuvent s'attendre les Tunisiens ?
A cette question, Oissila Saaidia estime que les mois à venir vont être décisifs pour redonner confiance aux populations tunisiennes. Tout ce que je peux vous dire, c'est que la situation économique et sociale est particulièrement tendue, confie-t-elle à RFI.
Si le pays a su prendre les mesures drastiques pour circonscrire la pandémie de coronavirus, les autorités sanitaires redoutent une nouvelle hausse des cas après la réouverture des frontières effective depuis le 27 juin. La très grande majorité des nouveaux cas enregistrés seraient importés. Le système de santé tunisien met tout en œuvre pour affronter une éventuelle deuxième vague de l'épidémie.
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