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Maghreb: que dit le rapport de HRW sur les droits des femmes?
L’organisation Human Rights Watch a publié, le 17 janvier 2018, son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Parmi les critères évalués, il y a celui des droits des femmes. La Tunisie, le Maroc, et l’Algérie ne sont pas logés à la même enseigne.
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Dans les trois pays d’Afrique du Nord, le statut de la femme dépend à la fois des textes de lois et des traditions. Le rapport de Human Rights Watch se base sur la loi et ses réformes en faveur de la femme. Et en 2017, c’est la Tunisie qui fait bonne figure.
La Tunisie
Considérée comme pionnière en matière de droits des femmes dans le monde arabe, la Tunisie continue à avancer dans ce sens malgré la résistance des conservateurs. Le rapport de Human Rights Watch met en évidence la lutte contre les violences faites aux femmes avec l’adoption d’«une loi très complète».
Le pays a par ailleurs aboli une disposition du code pénal qui permettait à un violeur d’échapper aux sanctions pénales s’il épousait sa victime. Le gouvernement a également abrogé un texte interdisant le mariage d’une femme tunisienne à un homme non musulman.
En revanche, la Tunisie continue d’appliquer la loi islamique concernant la succession. La femme hérite de la moitié de ce qui revient aux hommes conformément à la loi islamique.
Maroc
Si la Constitution de 2011 garantit l'égalité pour les femmes, les discriminations restent criantes. Le rapport de Human Rights Watch rappelle que le Code de la famille contient des dispositions injustes pour les femmes en matière de mariage, de divorce et de succession.
Théoriquement, une fille doit avoir 18 ans pour se marier, mais «les juges autorisent régulièrement des filles à se marier avant cet âge». L’organisation pointe du doigt aussi la pénalisation de l’adultère et des relations sexuelles hors mariage. Une relation sexuelle consentante entre personnes non-mariées est punie de prison ferme.
Human Rights Watch dénonce par ailleurs la lenteur dans l’adoption d’une loi sur les violences faites aux femmes. Le texte de 2016 n’a pas encore été voté par la deuxième chambre du Parlement.
Algérie
C’est en 2015 que l’Algérie a changé sa loi pour criminaliser la violence faite aux femmes bien avant les autres pays du Maghreb. Les amendements du code pénal concernent notamment la violence conjugale.
«Une agression contre un conjoint ou un ancien conjoint peut être punie d'un maximum de 20 ans de prison et l'assaillant peut être passible d'une peine de prison à perpétuité si les agressions ont causé la mort de la victime», souligne Human Rights Watch. Le texte prévoit cependant une impunité implicite avec la clause du «pardon». La victime peut abandonner les poursuites contre son mari violent, ce qui la rend vulnérable aux menaces de son agresseur ou de ses proches.
Selon Human Rights Watch, le Code de la famille algérien continue d'être discriminatoire malgré certains amendements qui ont permis à la femme d’avoir plus de droits en matière de divorce et de garde d’enfants.
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