Musique : Emel Mathlouthi, un nouvel album de (r)évolutions sonores
Souvent présentée comme la porte-voix de la révolution tunisienne en 2011, la chanteuse Emel Mathlouthi s'est détachée de cette image parfois encombrante, pour mieux faire entendre son talent sans rien perdre de ses révoltes. Elle est en concert mardi soir à Paris.
Au départ, la belle voix d'Emel Mathlouthi est un cri de révolte, au milieu des manifestants à Tunis en 2011. Elle n'avait pas encore 30 ans mais la voici à l'époque propulsée comme symbole de la révolution de jasmin, qui fera tomber la dictature. Aujourd'hui, surtout depuis la sortie de son deuxième album, Ensen, en février dernier, on parle vraiment de musique. La chanteuse, en concert mardi 17 octobre à Paris, s'est peu à peu défaite de son image de porte-voix pour apparaître comme une chanteuse à part entière.
Une musique d'avant-garde, d'émotions lumineuses, de textes engagés ou poétiques. Son univers est large, électro, trip-hop, rock, comme on voudra bien le prendre. Emel Mathlouthi construit une œuvre selon son caractère, essayant aujourd'hui d'exister pour autre chose que pour ces jours de révolte en 2011. Elle est heureuse de cette "dimension humaine" forte, mais se trouve parfois frustrée de n'être reconnue (quasiment) que pour ça.
En Europe, c'est comme si on était cloîtrés dans la tradition, qu'on n'avait pas le droit d'être des pionniers
Emel Mathlouthi
Sa voix est magnifique, son univers fascinant, on comprend bien vite en réalité qu'Emel Mathlouthi, aujourd'hui installée à New York, ne se laissera jamais rien dicter. "Les artistes comme moi se heurtent à un obstacle qui est qu'il faut que quelque chose nous définisse, explique-t-elle, mais mes inspirations ne sont pas connectées à la partie du monde d'où je viens".
La musique d'Emel Mathlouthi a rencontré l'histoire ; la Tunisienne construit aujourd'hui la sienne, loin des clichés.
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