"On n'est pas des terroristes, on est des gens bien" : après l'attentat de Nice, les Tunisiens craignent de ne plus pouvoir entrer en France
Le principal suspect de l'attaque de Nice est un Tunisien de 21 ans, arrivé en Europe via l’île italienne de Lampedusa. De quoi raviver le débat sur l’immigration et le contrôle aux frontières. Notamment à Vintimille, à la frontière franco-italienne, où sont bloqués de nombreux Tunisiens.
La situation était déjà difficile pour eux : le camp de la Croix-Rouge a été démantelé il y a trois mois, et les migrants qui arrivent du Maghreb dans l'espoir d'une vie meilleure en France restent bloqués, livrés à eux-mêmes à Vintimille.
Pour les Tunisiens rencontrés là, à quelques kilomètres de la France, la situation est encore plus complexe depuis l'attentat qui a fait trois morts à Nice : ils sont bien conscients de ne pas être les bienvenus. Nidhal, 26 ans, les bras tatoués, craint d'être désormais catalogué comme terroriste : "Je suis bloqué ici, je veux rentrer. Je veux vivre et travailler ici."
C'est un fou qui a fait ça. Il donne une mauvaise image des Tunisiens.
Nidhal, Tunisienà franceinfo
Même crainte pour Khaled, 35 ans. Il a quitté la Tunisie il y a un mois : "En Tunisie, il y a trois religions. Juifs, chrétiens, musulmans, on vit ensemble, plaide-t-il. On n'est pas des terroristes, on est des gens bien. On n'a pas de chance, c'est tout."
Pour s’en sortir, il espère franchir la frontière. Jusqu'à présent, à chacune de ses tentatives, la police l’a refoulé.
"La frontière est une passoire"
Mais quoi qu’il arrive, il parviendra sans doute à ses fins, selon Enzo Barnaba, un écrivain qui habite à la frontière : "La frontière est une passoire, les contrôles c'est de la mise en scène. Tout le monde passe. Tous les migrants qui sont à Vintimille et qui veulent aller en France finissent par y arriver, à 99%. Si on est bien renseigné, on passe tranquillement en France."
Il plaide donc pour une vraie coopération européenne, pour que le suivi des migrants soit plus efficace. Françoise, une bénévole qui leur vient en aide, est du même avis : "Il faudrait qu'il y ait un accueil avec du personnel qualifié, pour discuter avec les gens, faire de vraies enquêtes. Il faut qu'on sache d'où ils viennent, pourquoi ils viennent, quelle est leur position par rapport à la charia. Parce qu'on est en droit de demander aux gens s'ils peuvent se soumettre aux lois de la République. Mais tout cela doit se faire sans céder à la panique, sans céder aux premières impressions après cet attentat effroyable."
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