Cet article date de plus de huit ans.
Tunisie: la torture continue cinq ans après la révolution
Cinq ans après le renversement du dictateur Ben Ali, la Tunisie apparaît comme la seule rescapée du «Printemps arabe». Les Tunisiens se sont dotés d’une Constitution, ils ont élu démocratiquement leur Parlement et leur président. Le Quartette du dialogue national a obtenu le prix Nobel de la paix. Pour autant, on rencontre toujours «les méthodes répressives et abusives du passé», rapporte Amnesty.
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«Selon des informations reçues par nos chercheurs, au moins six décès sont survenus en détention depuis 2011 dans des circonstances n’ayant pas donné lieu à de véritables enquêtes, ou n’ayant pas débouché sur des poursuites pénales lorsque des enquêtes ont eu lieu», rapporte le site de l’organisation international des droits de l’Homme.
C’est par exemple le cas de Sofiene Dridi, arrêté à l’aéroport de Tunis le 15 septembre 2015. Il a été transféré à la prison de Mornaguia. Trois jours plus tard, sa famille est informée qu’il a été conduit à l’hôpital. Elle n’a pas pu lui rendre visite. Avant qu’un tribunal ne lui apprenne «qu’il était mort d’un arrêt cardiaque». «Après avoir vu son corps à la morgue, ses proches ont signalé que son visage et son corps présentaient des hématomes.» Ils ignorent toujours ce qui s’est réellement passé.
«Le recours à la torture s’est poursuivi sous tous les gouvernements successifs depuis janvier 2011 et reste aujourd’hui un phénomène très répandu», expliquait à Géopolis en novembre 2013 l’avocate Radhia Nasraoui, connue pour son engagement en faveur des droits de l’Homme. «Dans les prisons, dans les centres de la police et de la garde nationale, les méthodes (détaillées par Amnesty, NDLR) restent aussi sauvages qu’elles l’étaient du temps de Ben Ali. Des méthodes qui continuent à toucher les personnes âgées, les femmes et même les enfants», poursuivait-elle.
Constitution
Malgré la poursuite de ces pratiques, la Tunisie a adopté un nouveau texte constitutionnel qui comporte d’importantes garanties en matière de droits humains. Son article 23 stipule ainsi que «l’Etat protège la dignité de la personne et son intégrité physique, et il interdit la torture morale et physique». Et de préciser par ailleurs que «le crime de torture est imprescriptible».
Dans le même temps, note Amnesty International, depuis 2011, «les groupes de la société civile n’ont eu de cesse de se renforcer, après des années de répression sous le régime Ben Ali». A noter que parmi les organisations composant le fameux quartette tunisien, décoré du prix Nobel de la paix en 2015, on trouve l’Ordre national des avocats et la Ligue des droits de l’Homme.
Dans ce contexte, comment expliquer que les pratiques dégradantes contre la personne humaine puissent continuer? «L’impunité de ceux qui la pratiquent y est pour beaucoup», répond Radhia Nasraoui. De même que la lenteur de la justice.
Lutte contre le terrorisme
La situation sécuritaire n’a pas amélioré les choses: en l’occurrence, la lutte contre le terrorisme, avec lequel les Tunisiens, déjà confrontés à une grave crise économique, «doivent maintenant composer». Rien qu’en 2015, le pays a été touché à trois reprises par des attentats, revendiqués par l’organisation Etat islamique (EI) : le 18 mars au musée du Bardo à Tunis (22 morts) ; le 26 juin contre un hôtel de Sousse (38 morts) ; le 24 novembre contre un bus de l’armée à Tunis (12 morts).
Sans compter les attaques djihadistes dans la région de Kasserine et du mont Chaambi (nord-ouest), frontalière avec l’Algérie, qui ont fait des dizaines de morts dans les rangs de l’armée. Une région qui appartient à ces zones intérieures «marginalisées de longue date», qui «continuent d’être livrées à elles-mêmes et n’ont guère tiré profit de la révolte de 2011», constate Le Monde Diplomatique.
Kasserine est «devenue un symbole de peur et de violence» proche d’une région montagneuse «où des maquisards islamistes sévissent de part et d’autres de la frontière avec l’Algérie». Ces derniers «attaquent les militaires et les agents de l’Etat» et «s’en prennent aussi aux montagnards lorsqu’ils les considèrent comme des informateurs».
Dans ce contexte, les autorités ont adopté une série de mesures sécuritaires. A commencer par une nouvelle loi de lutte contre le terrorisme. Celle-ci «donne aux forces de sécurité des pouvoirs de surveillance très étendus», note Amnesty. Et prolonge la période pendant laquelle ces mêmes forces de sécurité «peuvent maintenir des suspects en détention au secret, la faisant passer de six à 15 jours». «Ce qui augmente considérablement les risques de torture»…
Dans le même temps, des parents de personnes recherchées pour terrorisme évoquent le «harcèlement constant que leur font subir» les forces de l’ordre. Un homme a raconté à l’organisation des droits de l’Homme «avoir été questionné et arrêté plusieurs fois à cause de sa barbe».
C’est par exemple le cas de Sofiene Dridi, arrêté à l’aéroport de Tunis le 15 septembre 2015. Il a été transféré à la prison de Mornaguia. Trois jours plus tard, sa famille est informée qu’il a été conduit à l’hôpital. Elle n’a pas pu lui rendre visite. Avant qu’un tribunal ne lui apprenne «qu’il était mort d’un arrêt cardiaque». «Après avoir vu son corps à la morgue, ses proches ont signalé que son visage et son corps présentaient des hématomes.» Ils ignorent toujours ce qui s’est réellement passé.
«Le recours à la torture s’est poursuivi sous tous les gouvernements successifs depuis janvier 2011 et reste aujourd’hui un phénomène très répandu», expliquait à Géopolis en novembre 2013 l’avocate Radhia Nasraoui, connue pour son engagement en faveur des droits de l’Homme. «Dans les prisons, dans les centres de la police et de la garde nationale, les méthodes (détaillées par Amnesty, NDLR) restent aussi sauvages qu’elles l’étaient du temps de Ben Ali. Des méthodes qui continuent à toucher les personnes âgées, les femmes et même les enfants», poursuivait-elle.
Constitution
Malgré la poursuite de ces pratiques, la Tunisie a adopté un nouveau texte constitutionnel qui comporte d’importantes garanties en matière de droits humains. Son article 23 stipule ainsi que «l’Etat protège la dignité de la personne et son intégrité physique, et il interdit la torture morale et physique». Et de préciser par ailleurs que «le crime de torture est imprescriptible».
Dans le même temps, note Amnesty International, depuis 2011, «les groupes de la société civile n’ont eu de cesse de se renforcer, après des années de répression sous le régime Ben Ali». A noter que parmi les organisations composant le fameux quartette tunisien, décoré du prix Nobel de la paix en 2015, on trouve l’Ordre national des avocats et la Ligue des droits de l’Homme.
Dans ce contexte, comment expliquer que les pratiques dégradantes contre la personne humaine puissent continuer? «L’impunité de ceux qui la pratiquent y est pour beaucoup», répond Radhia Nasraoui. De même que la lenteur de la justice.
Lutte contre le terrorisme
La situation sécuritaire n’a pas amélioré les choses: en l’occurrence, la lutte contre le terrorisme, avec lequel les Tunisiens, déjà confrontés à une grave crise économique, «doivent maintenant composer». Rien qu’en 2015, le pays a été touché à trois reprises par des attentats, revendiqués par l’organisation Etat islamique (EI) : le 18 mars au musée du Bardo à Tunis (22 morts) ; le 26 juin contre un hôtel de Sousse (38 morts) ; le 24 novembre contre un bus de l’armée à Tunis (12 morts).
Sans compter les attaques djihadistes dans la région de Kasserine et du mont Chaambi (nord-ouest), frontalière avec l’Algérie, qui ont fait des dizaines de morts dans les rangs de l’armée. Une région qui appartient à ces zones intérieures «marginalisées de longue date», qui «continuent d’être livrées à elles-mêmes et n’ont guère tiré profit de la révolte de 2011», constate Le Monde Diplomatique.
Kasserine est «devenue un symbole de peur et de violence» proche d’une région montagneuse «où des maquisards islamistes sévissent de part et d’autres de la frontière avec l’Algérie». Ces derniers «attaquent les militaires et les agents de l’Etat» et «s’en prennent aussi aux montagnards lorsqu’ils les considèrent comme des informateurs».
Dans ce contexte, les autorités ont adopté une série de mesures sécuritaires. A commencer par une nouvelle loi de lutte contre le terrorisme. Celle-ci «donne aux forces de sécurité des pouvoirs de surveillance très étendus», note Amnesty. Et prolonge la période pendant laquelle ces mêmes forces de sécurité «peuvent maintenir des suspects en détention au secret, la faisant passer de six à 15 jours». «Ce qui augmente considérablement les risques de torture»…
Dans le même temps, des parents de personnes recherchées pour terrorisme évoquent le «harcèlement constant que leur font subir» les forces de l’ordre. Un homme a raconté à l’organisation des droits de l’Homme «avoir été questionné et arrêté plusieurs fois à cause de sa barbe».
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