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Vidéo WWF : quand une ONG de protection de la nature est accusée de violer les droits de l'homme en Afrique centrale

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Complément d'enquête. WWF : quand une ONG de protection de la nature est accusée de violer les droits de l'homme en Afrique centrale
Complément d'enquête. WWF : quand une ONG de protection de la nature est accusée de violer les droits de l'homme en Afrique centrale Complément d'enquête. WWF : quand une ONG de protection de la nature est accusée de violer les droits de l'homme en Afrique centrale
Article rédigé par France 2
France Télévisions

"A quoi joue le panda ?" se demande "Complément d'enquête" le 18 février 2021. Le Fonds mondial pour la nature dont il est l'emblème se serait-il égaré en chemin ? Soixante ans après sa création, le WWF se retrouve au cœur d'une enquête internationale : des gardes forestiers formés par l'ONG sont soupçonnés de violations des droits de l’homme en Afrique centrale.

L'affaire a éclaté en 2017, révélée par une ONG britannique, Survival International. En 2016, des gardes forestiers encadrés par le WWF ont été accusés de torture, de viol et de meurtre par des membres de la communauté baka, en Afrique centrale. Dévouée depuis soixante ans à la défense de la planète, l'organisation au panda se serait-elle égarée en chemin ?

Ces écogardes sont formés par le WWF (ou Fonds mondial pour la nature) pour le compte des gouvernements. Ce sont des équipes chargées de surveiller les zones protégées comme le parc national de la Salonga, en République démocratique du Congo, ou l'aire de Messok Dja, au Congo-Brazzaville. Ils ont en particulier pour mission de lutter contre le braconnage des éléphants. Le trafic d'ivoire en tuerait de 20 000 à 30 000 par an, selon le WWF.

"Pour certains, les éléphants sont plus importants que la vie des personnes"

L'uniforme et le port d'arme peuvent-ils expliquer que certains écogardes se soient crus autorisés à commettre des abus ? Fiore Longo, présidente du bureau France de Survival, a enquêté sur place et filmé des dizaines de témoignages glaçants. "Ils nous traitent comme des animaux", lui ont rapporté des membres de l'ethnie baka, un peuple autochtone qui vit principalement des ressources de la forêt et de la chasse, notamment d'éléphants. A ce titre, ils auraient été perçus comme des braconniers. Selon Fiore Longo, "ils se rendent bien compte que [pour certains écogardes du WWF] leur vie vaut moins que celle d'un éléphant".

"S'ils nous trouvent avec du poisson, ils nous frappent, et nous mettent les mains derrière le dos, affirme une des femmes qu'elle a filmées. Même dans nos campements en forêt, pour avoir cueilli des mangues sauvages ! Ils disent : 'Les mangues sauvages sont pour les éléphants, ils les mangent.' Ils ne veulent pas que nous les touchions. S'ils trouvent quoi que ce soit sur nos étagères, ils nous menottent, et nous frappent." Dans un autre témoignage vidéo, un homme affirme qu'un vieillard est mort après avoir été frappé par des gardes. 

En 2018, ces révélations ont déclenché une enquête des Nations unies. En mars 2020, un rapport constatait "une atmosphère d'intimidation, de peur et de privation résultant des actions des écogardes". Un mois plus tard, la Commission européenne a pris une décision inédite : la suspension d'une subvention de 70 000 euros au WWF.

Extrait de "WWF : à quoi joue le panda ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 18 février 2021.

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