Zimbabwe : l'opposition jette l'éponge
"Nous ne participerons plus à ce qui est une parodie de processus électoral, entachée de violence et illégitime", a déclaré Tsvangirai après une réunion du conseil national de son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC). "Le peuple du Zimbabwe a montré sa bravoure" en votant majoritairement pour le MDC aux élections présidentielle et législatives du 29 mars, qui ont infligé une déroute historique au régime", mais le MDC "ne peut pas demander aux électeurs de risquer leur vie en votant le 27 juin", a poursuivi Morgan Tsvangirai, 56 ans, qui devait affronter vendredi le chef de l'Etat sortant, Robert Mugabe, 84 ans, au second tour de la présidentielle.
Depuis la défaite du régime le 29 mars, qui a vu le parti au pouvoir perdre sa majorité de 28 ans à la Chambre des députés et Mugabe arriver derrière Tsvangirai à la présidentielle, "200.000 personnes ont été déplacées, plus de 86 partisans du MDC ont été tués, plus de 20.000 maisons ont été brûlées et plus de 10.000 personnes blessées dans une orgie de violence", a énoncé l'opposant, avant de déclarer : "Compte tenu de ces circonstances, nous estimons impossible l'organisation d'une élection qui reflète la volonté du peuple", épinglant par la même occasion la partialité de la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) et le blocage de la campagne du MDC.
Le retrait du leader de l'opposition vise à lui épargner "l'humiliation d'une défaite", a lancé le porte-parole du parti au pouvoir (le Zanu-PF, Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique) et ministre de la Justice Patrick Chinamasa. Selon lui, Morgan Tsvangirai a "passé trop de temps à l'extérieur du pays à rencontrer des gens qui ne comptent pas", en référence à une tournée diplomatique entreprise par Tsvangirai après le 29 mars, en Afrique et aux Nations unies notamment. Il était resté en exil pendant six semaines, invoquant un complot d'assassinat le visant s'il retournait au Zimbabwe.
Selon l'ONU, les exactions déchaînées depuis la déroute du régime sont largement imputables aux partisans du régime. De nombreuses voix dans le monde, des Nations unies à l'Afrique australe, ont exprimé ces derniers jours leur crainte que le scrutin ne soit pas crédible en raison de ces violences. Le président sud-africain Thabo Mbeki a appelé ce soir à des négociations entre régime et opposition. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a qualifié le retrait de Morgan Tsvangirai de "plus grand déni de démocratie que l'Afrique ait connu".
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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