Zimbabwe : "accord historique" pour dédommager les fermiers blancs expropriés
Au début des années 2000, quelque 4 000 des 4 500 grands propriétaires blancs avaient été expulsés manu militari de leurs terres sur ordre du gouvernement de Robert Mugabe.
Le gouvernement du Zimbabwe a signé un accord avec les fermiers blancs expropriés de leurs terres dans les années 2000 afin de lever 3,5 milliards de dollars de fonds pour les dédommager. Au début des années 2000, quelque 4 000 des 4 500 grands propriétaires blancs du pays avaient été expulsés de leurs terres au profit de fermiers noirs, sur ordre du gouvernement de Robert Mugabe, contraint à la démission en 2017.
Réforme agraire
Cette initiative avait pour objectif affiché de corriger les inégalités héritées de la colonisation britannique. La loi sur le foncier de 1969 (dans l'ancienne Rhodésie) avait octroyé 15 millions d'hectares de terres agricoles à 6 000 fermiers blancs, alors que 700 000 familles noires se partageaient 16 millions d'hectares. Sauf que la redistribution des terres a surtout profité aux proches du régime et est allée à des fermiers sans équipements ni formation, provoquant un effondrement brutal de la production. Cette réforme a plongé toute l'économie du pays dans une crise catastrophique dont il ne s'est toujours pas remis.
Caisses vides
Le gouvernement actuel, étranglé financièrement, n'a pas les moyens de dédommager les fermiers expulsés, mais a décidé de mettre en place un comité, composé de fermiers et de donateurs, chargé de lever les fonds nécessaires. "Dans l'accord, nous nous sommes donnés douze mois pour faire le tour du monde et du Zimbabwe pour réfléchir aux moyens de lever des fonds" à hauteur de 3,5 milliards de dollars (2,98 milliards d'euros), a déclaré le ministre des Finances Mthuli Ncube, lors de signature de l'accord à Harare.
Il s'agit d'engagement, pas nécessairement de liquide à mettre sur la table
Mthuli Ncube, ministre des Financesà l'AFP
"Accord historique"
Le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à Robert Mugabe, a estimé que cet accord était "historique à bien des égards" car "il permet de tourner la page et de commencer un nouvel épisode de l'histoire de la terre au Zimbabwe". "Le processus qui nous a amenés à cet événement est également historique puisqu'il réaffirme (...) notre engagement vis-à-vis du (...) respect de l'état de droit et du droit de propriété", a-t-il ajouté.
Today we signed a historic compensation agreement with the Commercial Farmers Union, bringing closure & a new beginning to land discourse in Zimbabwe. The agreement re-affirms the irreversibility of land & is as a symbol of our commitment to the rule of law & property rights 1/2 pic.twitter.com/6HsPtLhuzg
— President of Zimbabwe (@edmnangagwa) July 29, 2020
Les compensations viseront à dédommager les fermiers pour les structures, notamment les bâtiments et les systèmes d'irrigation, qui ont été redistribués dans le cadre de la réforme agraire.
En tant que Zimbabwéens, nous avons choisi de résoudre cette question
Andrew Pascoe, représentant des fermiers blancsà Reuters
Cette question divise toujours l'opinion zimbabwéenne.
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