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Zimbabwe: qui est Emmerson Mnangagwa, nouvel homme fort du pays?

Emmerson Mnangagwa, a été élu dès le 1er tour de la présidentielle avec 50,8% des voix face au chef de l’opposition, Nelson Chamisa, qui a rejeté des «faux résultats non vérifiés». Son éviction en tant que vice-président par Robert Mugabe, le 6 novembre 2017, avait entraîné le renversement de l’autocrate zimbabwéen par l’armée. Un autocrate dont il a été le bras droit pendant plus de 30 ans.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa en train de voter le 30 juillet 2018. (REUTERS/Philimon Bulawayo)
Emmerson Mnangagwa est aujourd'hui plus puissant que jamais. A 75 ans, l’ancien lieutenant du président Mugabe, qui a gouverné le Zimbabwe d’une main de fer depuis l'indépendance du Zimbabwe en 1980 jusqu’à l’automne 2017, confirme son emprise sur le pays.
 
Le crocodile 
Surnommé le «crocodile» pour son caractère impitoyable, Emmerson Mnangagwa connaît bien les rouages du pouvoir. Il a été nommé plusieurs fois ministre (Sécurité, Justice, Finances, Défense). Malgré des rivalités politiques au sein de son parti, il finit par accéder en 2014 à la vice-présidence et devient le dauphin naturel du «camarade Bob» qui prend de l’âge. Ce dernier a aujourd’hui 94 ans.   
 
Guérilla et prison 
Né le 15 septembre 1942 dans le district de Zvishavana, dans le sud-ouest d'un Zimbabwe alors britannique, le jeune Emmerson a grandi en Zambie.

Fils d'un militant anticolonialiste, il rejoint en 1966 les rangs de la guérilla pour participer à la guerre d’indépendance. Arrêté, il échappe à la peine capitale et purge dix ans de prison.
 
Pouvoir et répression 
Ces années de guérilla lui ont appris «à détruire et tuer», selon ses propres termes. Le «crocodile» est d’ailleurs soupçonné d’être l’architecte de la répression dans les provinces dissidentes du Matabeleland en 1983 et 1984, où 20. 000 dissidents avaient été massacrés. «Ce qui est arrivé est arrivé», a récemment lâché le nouveau président, concédant toutefois que l'épisode constituait une «tache» dans l'histoire du Zimbabwe.

Emmerson Mnangagwa a surtout joué un rôle clé dans les violences qui ont ensanglanté la présidentielle de 2008. Un scrutin qui a permis à Robert Mugabe de conserver le pouvoir malgré sa défaite au premier tour face à l’opposant Morgan Tsvangirai.
 
«Ce sera très difficile pour lui de se présenter comme un démocrate (…). On ne peut pas être membre de la mafia pendant une cinquantaine d’années et soudain la dénoncer», affirmait l’analyste indépendant Dewa Mavhinga, interviewé par l’AFP avant le scrutin de 2018.

Pour toutes ces raisons, son principal rival à la présidentielle, Nelson Chamisa, a qualifié Emmerson Mnangagwa de «représentant du passé», prêt à tout pour garder le pouvoir.

Imperturbable, l'intéressé assure qu'il n'en est rien. «Je suis doux comme un agneau», a-t-il récemment confié. La répression militaire meurtrière au cours de la semaine contre des opposants qui criaient à la fraude semble prouver le contraire.

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