Ali Abdallah Saleh a déclaré lundi que les manifestants n'obtiendraient pas son départ par "l'anarchie et les tueries"
Une déclaration qui intervient alors qu'un manifestant antigouvernemental a été tué par des tirs des forces de sécurité lundi à l'aube, à Aden.
Ce décès porte à douze le nombre de manifestants tués à Aden depuis le début des émeutes quotidiennes, le 16 février, selon un bilan de l'AFP.
A Sanaa, capitale du Yémen, des milliers de personnes se sont réunies en sit-in lundi devant l'Université pour exiger la chute du régime yéménite.
Les ulémas, sunnites et zaïdites, branche du chiisme prépondérante dans le nord du Yémen, ont publié lundi un communiqué en ce sens à l'issue d'une réunion extraordinaire sous l'égide de l'influent chef islamiste cheikh Abdelmajid Zendani, soupçonné par Washington de soutenir le terrorisme. "Toute agression contre les manifestants est un crime", ont affirmé les ulémas, prohibant dans le même temps de "tuer des membres des forces de sécurité".
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978, a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il ne partirait "que par les urnes", alors que la contestation populaire contre lui s'amplifie.
L'exemple égyptien
A Sanaa, les manifestants, des étudiants mais également des députés de l'opposition et des militants ont commencé à affluer dès la nuit de dimanche à lundi sur cette place, qu'ils ont ont rebaptisée "place Tahrir" (place de la Libération), en référence à la révolte égyptienne. "Le peuple veut la chute du régime" et "le peuple veut le changement", proclamaient les banderoles brandies par les manifestants.
Dimanche, déjà, plusieurs centaines d'étudiants yéménites ont manifesté dans le calme devant le campus de l'université de Sanaa, scandant des slogans contre le régime du président Ali Saleh. Les partisans du pouvoir ont été tenus à l'écart par la police, évitant des heurts, alors que samedi, les incidents avaient fait un mort et des dizaines de blessés. A Aden, samedi, les violences ont fait également un mort - âgé de 16 ans - et plusieurs blessés.
Dans la capitale Sanaa, pendant six jours jusqu'à samedi, les partisans du régime armés de gourdins, de pierres et d'armes blanches, ont systématiquement attaqué les jeunes, notamment les étudiants, à chaque fois qu'ils manifestaient.
Le président Saleh a ordonné aux forces de sécurité de protéger les journalistes et de leur permettre d'exercer librement leur métier, a rapporté dimanche l'agence officielle Saba. Des dizaines de journalistes ont été attaqués lors de la semaine écoulée à Sanaa, dont des correspondants de l'AFP et d'autres médias internationaux. Samedi, des dizaines de journalistes avaient réclamé l'arrêt de ces agressions, et accusé le parti du président.
La contestation populaire croissante contre le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a fait 12 morts depuis le 13 février.
Une situation explosive au Yémen
Le Yémen est la seule république de la péninsule arabique. Mais l'opposition dénonce la dérive autocratique et dynastique du régime. Au pouvoir depuis 1978, Ali Abdallah Saleh, 68 ans, a été élu une première fois en 1999 au suffrage universel direct pour un mandat de sept ans. Il a été réélu en 2006 pour un mandat qui arrive à expiration en 2013.
Le chef de l'Etat a multiplié les mesures sociales et économiques, dont une augmentation des salaires, face à la montée de la grogne populaire dans ce pays pauvre de 24 millions d'habitants. Il a annoncé la création d'un fonds pour l'emploi des diplômés de l'université et l'extension de la couverture sociale à un demi-million de personnes, ainsi qu'une réduction de l'impôt sur le revenu.
Le Yemen est en proie actuellement à un regain d'activité des islamistes radicaux, à des troubles séparatistes au Sud et à un soulèvement chiite dans le nord, le tout sur fond de pauvreté endémique. Un tiers des Yéménites souffrent régulièrement de la faim.
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