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Amendement contesté sur l'huile de palme : Greenpeace France demande un nouveau vote "aujourd'hui"

Selon Clara Jamart, responsable des campagnes forêts à Greenpeace France, le vote par les députés d'un report à 2026 de l'effacement de l'huile de palme de la liste des biocarburants est le fait d'un "lobby agressif mené par Total depuis plus d'un an".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'huile de palme est extraite de la pulpe des fruits, de couleur rouge. (CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP)

Les députés ont voté jeudi 14 novembre, sans débat, un report à 2026 de l'effacement de l'huile de palme de la liste des biocarburants, une décision aussitôt dénoncée par les associations écologistes qui fustigent "le lobbying éhonté de Total". "Visiblement il y a des problèmes dans les décomptes de voix. Nous demandons que cela soit revoté aujourd'hui", a déclaré vendredi sur franceinfo Clara Jamart, responsable des campagnes forêts à Greenpeace France.

franceinfo : Que pensez-vous de ce vote ?

Clara Jamart :  Il est évident que les députés ont cédé au lobby agressif mené par Total depuis plus d'un an sur ce sujet pour réintroduire la niche fiscale bénéficiant aux agrocarburants produits à partir d'huile de palme. C'est d'autant plus incompréhensible qu'Elisabeth Borne avait déclaré fin août que jamais le gouvernement ne céderait au lobby de Total, que c'était le sens de l'histoire que de réduire nos importations d'huile de palme et qu'en France, il n'y aurait plus cadeau fiscal fait à l'huile de palme dans les agrocarburants.

Qu'est-ce que cela pose comme problème ?

Cela pose de gros problèmes de déforestation en Asie du sud-est, notamment en Indonésie, puisque Total se fournit pour faire fonctionner sa bioraffinerie dans des plantations en Indonésie dans des zones qui subissent des forts taux de déforestation. 24 millions d'hectares de forêts indonésiennes ont disparu dans les 25 dernières années. C'est l'équivalent d'un terrain de foot toutes les 25 secondes qui part en fumée et qui alimente la crise climatique dans laquelle on se trouve.

Total assure que son usine de la Mède s'approvisionne en huile de palme durable et certifiée. Est-ce le cas ?

C'est ce qu'ils disent, mais Greenpeace a publié il y a quelques jours un rapport qui démontre le contraire. Nous avons été sur le terrain enquêter sur la chaîne d'approvisionnement de Total et nous avons découvert que cette huile de palme n'est pas durable à 100%, mais qu'en plus elle n'était pas traçable. Quand aujourd'hui Total nous dit qu'il sait parfaitement d'où provient cette huile de palme et comment elle a été produite ce sont simplement des mensonges.

Peut-on sortir avant de l'huile de palme ?

L'Union européenne permet aux Etats membres de sortir de l'huile de palme dès 2020. C'est le choix que la France avait fait l'année dernière. Ce choix courageux a été torpillé hier soir par un amendement déposé en catimini pour prolonger cette niche fiscale jusqu'en 2026.

Cet amendement n'est pas définitivement adopté. Qu'espérez-vous ?

Il a été adopté hier en première lecture, ensuite le texte passe au Sénat, revient en seconde lecture à l'Assemblée nationale. Il se pourrait qu'il y ait un deuxième vote dès aujourd'hui sur cet amendement puisque visiblement il y a des problèmes dans les décomptes de voix. De nombreux députés de la majorité s'indignent de la manière dont cet amendement a été passé. Nous demandons que cela soit revoté aujourd'hui et que les députés qui l'ont déposé le défendent. Personne n'a défendu cet amendement, le vote a été réalisé en 20 secondes sans que personne ne s'exprime ni pour, ni contre. Donc, il faut un deuxième vote en urgence pour que la position du gouvernement soit claire sur ce sujet. On espère que les députés seront présents massivement et feront le choix de la constance et de la cohérence avec l'urgence climatique.

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