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Déforestation de l'Amazonie : le groupe Casino mis en demeure par plusieurs ONG

Dénoncé en juin 2020 par un rapport de l'ONG Envol Vert, le groupe de supermarchés est désormais accusé d'avoir manqué à son devoir de vigilance. Une procédure juridique va être entamée avec cette mise en demeure.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une parcelle déforestée de la forêt amazonienne, le 24 août 2019 près de Porto Velho (Brésil). (CARLOS FABAL / AFP)

Derrière la déforestation de l'Amazonie, le bœuf vendu dans les supermarchés du groupe Casino en Amérique du Sud ? C'est l'accusation portée contre le groupe français par un collectif d'associations colombiennes, brésiliennes, américaines et françaises (Opiac, COIAB, FEPIPA, CPT, FEPOIMT, Canopée, Envol Vert, Mighty Earth, Notre Affaire à Tous et Sherpa). Après la publication en juin 2020 d'un rapport sur les liens entre les parcelles déforestées et les produits de l'entreprise (fichier PDF), elles ont décidé, lundi 21 septembre, d'écrire au groupe Casino pour le mettre en demeure de respecter les obligations légales liées à son devoir de vigilance.

"Votre plan de vigilance ne reflète pas l'exercice d'une vigilance raisonnable à la hauteur de la part de responsabilité du groupe en Amérique du Sud", écrivent aux dirigeants de Casino les avocats du cabinet Seattle, mandaté par le collectif.

"Un cas emblématique de double standard"

Au Brésil et en Colombie, "la déforestation est principalement causée par l'élevage de bétail", soulignait le rapport de juin. Les paysans locaux n'hésitent pas à brûler la forêt pour agrandir leurs pâtures et y installer leurs troupeaux. Un phénomène qui alimente chaque année les feux de forêt. Or, le groupe Casino est très bien implanté sur place : "il détient 15% du marché de la distribution au Brésil avec Grupo Pão de Açúcar (GPA) et 43% en Colombie avec Exito".

Le rapport pointe du doigt les liens entre les produits vendus dans les supermarchés du groupe au Brésil et "quatre fermes impliquées dans la déforestation illégale". Le décalage entre les pratiques du distributeur en France – avec des enseignes bio comme Naturalia – et en Amérique du Sud est également dénoncé par les ONG. "C'est un cas emblématique de double standard", estime Cecilia Rinaudo, de l'organisation Notre affaire à Tous.

Une "loi pionnière" permet cette procédure

Cette déforestation, qualifiée d'"écocide" par Emmanuel Macron en août 2019, génère des "atteintes graves aux droits humains, à la santé et sécurité des personnes, ainsi qu'à l'environnement", dénoncent les ONG dans la lettre de mise en demeure : pollution de l'air par les incendies, "atteinte aux droits des peuples autochtones", "travail forcé" dans les fermes, destruction des écosystèmes, amplification du réchauffement climatique, "développement des zoonoses [les maladies transmises par l'animal à l'homme] telles que la Covid-19".

Si les faits se produisent en Colombie et au Brésil, la loi de 2017 sur le devoir de vigilance permet de poursuivre en France une multinationale tricolore pour ses activités et celles de ses filiales à l'étranger. Une "loi pionnière", selon Sébastien Mabile, avocat chez Seattle et membre de Mighty Earth. "Les entreprises vont dans les pays où le droit est le moins contraignant. A l'inverse, les ONG vont dans les pays où la loi leur permet d'agir", résume-t-il, en insistant sur la dimension internationale de la coalition réunie contre Casino.

Des accusations démenties

Mis en demeure, le groupe a désormais trois mois pour répondre et se mettre en conformité en appliquant "un nouveau plan de vigilance". S'il refuse, ou que ses mesures sont jugées insuffisantes, les ONG iront au tribunal pour "engager une action en responsabilité et obtenir réparation des dommages commis", explique François de Cambiaire, avocat chez Seattle.

On risque de nous répondre: 'c'est compliqué, on ne peut pas vérifier l'ensemble de la chaîne'. Mais comment vous expliquez qu'une petite organisation comme Envol Vert, avec peu de moyens, arrive à le faire ?

Sandra Cossart, directrice de Sherpa

à franceinfo

Après la publication du rapport de juin, Casino avait fermement démenti les accusations. "Le groupe Casino, au travers de ses filiales, lutte activement et depuis plusieurs années contre la déforestation liée à l'élevage bovin au Brésil et en Colombie (...) Les allégations de double jeu mettant en cause nos politiques sont dénuées de tout fondement et parfaitement inacceptables", avait réagi Matthieu Riché, directeur RSE (responsabilité sociale et environnementale) du groupe dans un courrier adressé à Envol Vert (fichier PDF). Pour Elie Favrichon, membre de l'association, "le groupe Casino ne fait pas le nécessaire, même après la publication de notre rapport. Nous attentons une réaction de leur part".

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