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Equateur: une présidentielle décisive pour la gauche latino-américaine
Le 2 avril 2017, 12,8 millions d'électeurs sont appelés à départager les deux finalistes de l'élection présidentielle en Equateur: d'un côté, Lenin Moreno, 64 ans, candidat de la continuité socialiste du président sortant Rafael Correa, de l'autre, Guillermo Lasso, 61 ans, ex-banquier et chantre d'un virage à droite. Selon les derniers sondages, non publiés en raison de la loi, le duel sera serré.
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Le choix du petit pays andin pour l'un ou l'autre des prétendants donnera une idée de l'intensité de la vague droitière qui a commencé à s'emparer du continent sud-américain, après des décennies de gestion post-révolutionnaire. Ainsi, depuis plusieurs mois, les conservateurs sont au pouvoir en Argentine, au Pérou et au Brésil, après la destitution de la présidente Dilma Rousseff (Parti des Travailleurs).
Aujourd'hui, c'est au tour de l'Equateur d'être examiné à la loupe.
A gauche, sous les couleurs du parti au pouvoir «Alliance Pais» (en espagnol, «pais» signifie «pays»), Lenin Moreno, ancien vice-président socialiste de 2007 à 2013, veut prolonger le «Socialisme du XXIe siècle» de Rafael Correa, qui se retire après dix ans au pouvoir et trois mandats consécutifs. M.Moreno défend l'héritage corréiste globalement marqué par une amélioration du niveau de vie des Equatoriens et une modernisation des services publics.
La «révolution citoyenne» a du plomb dans l'aile
Cependant, même si le favori des sondages au premier tour annonce une augmentation des dépenses sociales, il prend soin de modérer la «révolution citoyenne» promise aux classes populaires par Rafael Correa, lors de sa première élection en 2006.
Une intitiative ternie ensuite par des scandales de corruption et mise en difficulté par la chute des prix du baril de pétrole. L'Equateur est le plus petit membre de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep).
Paraplégique après une blessure par balle lors d'une agression en 1998, Lenin Moreno plaide aussi pour un meilleur accès à l'emploi et des avantages sociaux pour les Equatoriens frappés de handicap.
A droite, Guillermo Lasso, du mouvement Creo («je crois, je crée» en espagnol), séduit, lui, les classes moyennes affectées justement par la crise due à la chute des cours du brut. Des catégories d'électeurs lasses aussi des confrontations entre le président sortant, Rafael Correa, et les milieux d'affaires, les médias ou bien encore les Etats-Unis.
Lasso, membre de l'Opus Dei
Pour M.Lasso, c'est simple, il faut mettre fin à la «dictature» corréiste. En appui de ses arguments, la situation au Venezuela, où la décision de la Cour suprême, annulée depuis, de s'octroyer les pouvoirs du Parlement dont la majorité est hostile au président Maduro lui permet d'agiter l'épouvantail des méfaits de la gauche.
Présenté comme un «self-made man», Guillermo Lasso, membre de l'Opus Dei, promet la création d'un million d'emplois en quatre ans et la suppression de 14 taxes fiscales au nom de son slogan «En avant pour le changement!».
«Nous sommes face à deux miroirs qui demandent: Voulez-vous être comme Macri d'Argentine ou comme Maduro du Venezuela? Deux craintes, finalement», résume à sa manière Napoleon Saltos, professeur de l'Université centrale de Quito, la capitale, en évoquant le choix qui s'offre aux électeurs.
Le cas Julian Assange s'invite dans la campagne
Le sort du lanceur d'alerte australien, fondateur de WikiLeaks et réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres depuis 2012, dépend aussi du second tour de l'élection présidentielle.
Tandis que Lenin Moreno a réaffirmé qu'il maintiendrait l'asile accordé au cybermilitant au nom du respect des droits de l'Homme, le candidat de l'opposition Guillermo Lasso s'est, lui, engagé à réviser ce droit, considérant que l'ambassade équatorienne à Londres «n'est pas un hôtel».
Julian Assange sera fixé dès la prise de fonction du nouveau président qui aura lieu le 24 mai 2017.
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