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Etats-Unis. Les soutiens d'Obama et Romney passés à la loupe

Pourquoi Obama séduit-il les géants du high-tech et Romney les banques d'investissement ?

Article rédigé par Isabel Contreras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Les deux candidats à la présidentielle américaine, Mitt Romney et Barack Obama. (FILES / AFP)

PRESIDENTIELLE AMERICAINE - Vendredi 31 août, Mitt Romney est devenu le candidat officiel du parti républicain et briguera la Maison Blanche lors de l'élection du 6 novembre. Face à lui, le candidat démocrate et président sortant Barack Obama ne compte pas lui faciliter la tache. La campagne s'annonce rude, et tous les moyens seront bons pour parvenir au but. Mais comment est-elle financée ?

Le site Opensecrets.org (lien en anglais) a publié, jeudi 30 août, la liste des contributeurs privés qui ont permis à Obama de récolter 348 413 millions de dollars, et 193 373 millions pour Romney. FTVi fait l'inventaire des principaux contributeurs des deux camps.  

Chez Obama : les géants du high-tech et les militaires

Le président américain Barack Obama à Washington, le 21 août 2012. (SAUL LOEB / AFP)

• Google Inc. et Microsoft Corp

Ils étaient déjà là pour Barack Obama en 2008 et le soutiennent une nouvelle fois pour sa réélection. Microsoft et Google ont déjà alloué respectivement 443 748 dollars et 357 382 dollars. Des sommes qui ont été données par les dirigeants et les employés des deux compagnies lors de plusieurs collectes de fonds. 

Motivations des contributeurs ? Les deux géants du high-tech ne sont pas seulement des contributeurs, ils sont aussi des conseillers proches de Barack Obama. L'ancien PDG de Google, Eric Schmidt, fait partie depuis 2008 des conseillers en "transition économique" du président. De son côté, Craig Mundie, chef de la recherche et de la stratégie chez Microsoft, a été nommé au sein du Conseil de la science et des nouvelles technologies, pointe le site spécialisé américain Cnet News (lien en anglais).

Les quinze plus grandes compagnies high tech de Silicon Valley, dont IBM et Hewlett Packard, ont déjà fait don de 1 400 000 dollars (1 115 000 euros) depuis le début de la campagne.

• Mais aussi des institutions militaires

Alors que le républicain Ron Paul réunissait tous les soutiens militaires en mars, depuis qu'il s'est retiré de la course, ces derniers ce sont tournés vers Barack Obama. En avril, les contributions ont atteint la somme de 184 505 dollars tandis que Romney ne comptait que 45 738 dollars.

Motivations des contributeurs ? Opensecrets.org s'est penché plus spécifiquement sur les militaires et employés civils de l'armée de terre, qui avaient, en mars, fait don de 10 000 dollars à Obama contre presque 5 000 à Ron Paul. La radio americaine NPR (lien en anglais) avance que pendant son mandat, Obama a augmenté les fonds du Département des anciens combattants de guerre. La première dame, Michelle Obama, a par ailleurs organisé un programme d'aide aux familles des militaires.

Mais le président sortant va devoir rester vigilant. Un sondage réalisé en mai par l'institut Rasmussen assure que 59% des vétérans de guerre préfèrent Mitt Romney contre 35% qui voteraient pour Obama.

Par ailleurs, Barack Obama a aussi reçu le soutien financier du monde universitaire américain. Notamment des professeurs et autres employés de l'université de Californie (491 868 dollars) et de Harvard (317 516 dollars).

Chez Romney : le monde de la finance et les oligarques

Mitt Romney, candidat républicain à la présidentielle américaine, à Tampa (Floride, Etats-Unis), le 29 août 2012. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

• Goldman Sachs, Morgan Stanley et JPMorgan Chase & Co.

Dans le camps Romney, les principaux contributeurs sont les banques d'investissement, notamment les américaines Goldman Sachs, Morgan Stanley et la holding JPMorgan Chase & Co. A trois, elles ont déjà fait don de plus d'un million et demi de dollars. Goldman Sachs, par exemple, est aussi la source principale de financement du PAC Free Strong America, un comité d'action politique fondé par Romney, pointe le New York Times (lien en anglais). 

Motivations des contributeurs ? Les affinités entre les banques d'investissement et Mitt Romney remontent au début de la carrière professionnelle de l'ancien gouverneur du Massachusetts. Une relation qui s'est renforcée pendant la période où Romney dirigeait le fonds d'investissement Bain Capital. 

Les motivations sont donc liées à une relation de confiance et d'amitié qui dure depuis plusieurs années. En 1999, lors d'une augmentation de capital de Goldman, Romney s'était procuré 7 000 titres : "Une attribution généreuse, même parmi les clients de Goldman, selon des personnes ayant connaissance de l'affaire", signale le quotidien new yorkais.

• Le Crédit Suisse

En cinquième position, derrière Bank Of America arrive le groupe Crédit Suisse. Les dirigeants de la banque ont versé plus de 400 000 dollars à la campagne de Mitt Romney. 

Motivations du contributeur ? Le prestataire de services financiers a fait don de 316 160 dollars à Romney, pointe La Tribune de Genève. C'est donc un peu plus que ce qui avait été alloué à Obama en 2008. Pourquoi cet éloignement ? Ce serait "un mécontentement qui gronde à Wall Street. Les banques sont convaincues que Mitt Romney comprend leurs activités. Issu du secteur privé, il est très à l'aise avec l’élite de Wall Street", explique au quotidien suisse Sheila Krumholz, directrice générale du Center for Responsive Politics.

• Mais aussi le milliardaire Sheldon Adelson

Ce riche américain, huitième fortune des Etats-Unis selon le magazine Forbes, devrait être l'un des très généreux donateurs pro-républicain. Romney et son tout nouveau colistier Paul Ryan négocient avec l'oligarque une contribution de 100 millions de dollars.

Motivations du contributeur ? Selon le New York Times cité par Courrier international, ce don est conditionné par la position pro-israélienne de Sheldon Adelson, membre d'un lobby juif américain très puissant. Depuis le premier versement, Romney a multiplié les déclarations contre les Palestiniens et s'est montré féroce contre l'Iran et son programme nucléaire, notamment lors de sa visite en Israel en juillet.

Ainsi, le quotidien américain estime : "Ce discours musclé était surtout destiné aux Juifs américains et aux chrétiens évangéliques, dont un certain nombre accompagnaient le candidat durant cette tournée. [...] Plus Mitt Romney martèlera cette position agressive, plus il lui sera difficile de s'en distancer, surtout après avoir reçu 100 millions de dollars pour sa campagne." 

C'est pourquoi une des premières missions du tout nouveau colistier Paul Ryan a été de soigner cette relation. Il a déjà rencontré une première fois le milliardaire à Las Vegas (Nevada) fin août, a relaté le site de la chaîne américaine CBS News

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