Cet article date de plus de huit ans.

Stanley, Eric, Edward, Luis, Eddie... Qui sont les victimes de la fusillade d'Orlando ?

Selon le dernier bilan, Omar Mateen a fait 49 victimes, lors de la pire fusillade de l'histoire récente des Etats-Unis, ce week-end en Floride.

Article rédigé par franceinfo - Anna Pereira
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
De gauche à droite : Edward Sotomayor Jr., Eddie Jamoldroy Justice et Luis Vielma. (TWITTER / FACEBOOK)

Ils s'appelaient Stanley, Luis, Eddie... Ils avaient 20, 30 ou 40 ans et faisaient la fête au club gay Pulse, à Orlando (Floride, Etats-Unis), dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 juin, quand Omar Mateen a ouvert le feu. Ils sont 49 à avoir trouvé la mort, abattus par celui qui a revendiqué son geste au nom de l'Etat islamique. Trente-six d'entre eux ont d'ores et déjà été identifiés, selon le journal local Orlando Sentinel*. Francetv info a reconstitué l'histoire de cinq d'entre eux. 

Stanley Almodovar III, 23 ans

Stanley travaillait comme technicien en pharmacie dans une entreprise locale. Samedi soir, la mère du jeune homme a préparé un petit en-cas avant de se coucher. Elle a pensé que son fils aurait sans doute faim en revenant de la soirée en boîte de nuit.

Cette nuit-là, ce n'est pas le bruit de son garçon qui rentrait qui l'a réveillée à 2 heures du matin, c'est la sonnerie de son portable, a raconté Rosalie Ramos, 51 ans, au journal Orlando Sentinel. "Viens vite. Il faut que tu sois ici", criait l'interlocutrice au bout du fil. La mère s'est rendue devant la discothèque, espérant que son fils n'était que blessé. Mais il a été touché trois fois, à la poitrine, à l'estomac et sur le côté, et est mort au centre médical régional d'Orlando. Sa mère l'a décrit comme un "homme heureux au grand cœur" ; sa tante Yoly comme "une personne incroyable avec un bon fond, il avait un futur prometteur".

Une jeune femme se trouvant avec lui dans la boîte de nuit a raconté à sa famille qu'il sortait des toilettes quand les balles sifflaient dans tous les sens et qu'il s'est jeté pour écarter les gens du danger. "Il est mort en héros" affirme le journaliste de l'Orlando Sentinel qui a dressé son portrait, Stephen Hudak. 

Sur ce post Facebook, on peut lire le message d'un ami : "Tu vas nous manquer Stanley. Tu as eu une influence sur tous ceux que tu as croisés. Une bonne personne et un ami."

Eric Ivan Ortiz-Rivera, 36 ans

Après des études à l'université centrale de Bayamón, Eric a quitté son île de Porto Rico pour trouver du travail et tenter sa chance à Miami. Son frère et sa tante vivent aussi dans la région d'Orlando, où il s'était fait un large groupe d'amis. Il était marié à son compagnon depuis environ un an.

Son ancien colocataire, Abismel Colon Gomez, témoigne lui aussi auprès de l'Orlando Sentinel : "Eric était toujours prêt à aider tout le monde. Il a sacrifié beaucoup pour sa famille. Il aimait son frère et se montrait toujours très généreux." Ce proche s'est dit choqué par la mort d'Eric. "Il n'était pas vraiment du genre à sortir régulièrement." La victime avait fait une entorse à ses habitudes car ses amis organisaient une soirée de bienvenue pour l'un de ses proches. "Eric était comme son mentor", explique l'ex-colocataire.

Ils sont ensuite sortis au Pulse, point de rassemblement de la communauté gay hispanique, en particulier le samedi soir pour la Latino Night"Mon cœur est brisé, poursuit Abismel Colon Gomez. Nous avions sept amis dans la boîte, et on sait déjà que trois d'entre eux sont morts." 

Luis S. Vielma, 22 ans

Luis Vielma était un habitué des parcs d'attractions. Il travaillait pour le parc thématique d'Harry Potter, situé dans l'Universal Orlando Parks and Resorts. Sa dernière publication sur Facebook : une photo de lui en compagnie d'un groupe d'amis devant le mythique château de Cendrillon au parc Disney World d'Orlando. "Les vrais amis qui deviennent la famille", poste-t-il avec l'image qui le montre une glace à la main.

"C'était un ami que tu pouvais toujours appeler, raconte à l'Orlando Sentinel Josh Boesch, qui travaillait avec lui dans le parc Universal. Il était toujours présent et disponible." Des dizaines d'amis et collègues du parc s'attristent aussi de sa disparition sur les réseaux sociaux.

Même l'auteur de la saga Harry Potter, J.K. Rowling lui a immédiatement rendu hommage sur Twitter. 

Edward Sotomayor Jr., 34 ans

Son identité est l'une des premières à avoir été dévoilées par les autorités, dimanche après-midi. Ce résident de Sarasota travaillait pour une agence de voyages spécialisée pour la communauté gay. 

Edward profitait de la soirée Latino au Pulse quand il a décidé d'inviter son patron, Al Ferguson, à les rejoindre. "Il était avec son copain et ils m'ont envoyé une vidéo de la piste de danse, pour me faire venir d'où j'étais", raconte Al Ferguson à l'Orlando Sentinel. Une demi-heure plus tard, la fusillade commençait. "Il était brillant. C'était un jeune homme séduisant, dans sa trentaine seulement, mais qui avait déjà accompli tellement", poursuit Al Ferguson. 

Edward Sotomayor venait de rentrer de Cuba, où il avait coordonné la première croisière homosexuelle vers l'île, en avril. "Il était bien conscient des dangers qu'affrontent les voyageurs gays, tout comme des risques d'attaque terroriste comme celle de novembre à Paris. Mais il n'a jamais laissé la peur l'empêcher de vivre ses aventures." explique Al Ferguson. 

Sa famille a elle aussi réagi sur les réseaux sociaux: "Mon neveu est mort. Nous avons besoin de vos prières", a demandé sur Facebook l'oncle d'Edward, Larry Sotomayor.

Eddie Jamoldroy Justice, 30 ans

L'histoire de ce jeune homme est particulièrement frappante car il a échangé une série de messages avec sa mère, alors qu'il était encore coincé dans les toilettes du Pulse avec le tueur. Mina Justice, la mère d'Eddie, a ensuite partagé une capture d'écran de ces messages qui ont ému les internautes. Eddie était un garçon enjoué, qui aimait bien manger et faire du sport, rapportent ses proches. Il travaillait comme comptable et vivait dans le centre-ville d'Orlando.

Dans la nuit de samedi à dimanche, il envoie un premier message à sa mère en lui disant "Je t'aime. [Je suis] dans le club de la fusillade". Mina lui demande s'il va bien. Il répond : "Coincé dans les toilettes. Pulse. Centre-ville. Appelle la police. Je vais mourir." L'échange se poursuit pendant près d'une heure. Dans les derniers échanges, le jeune homme raconte que le tueur est entré dans les toilettes féminines où il se cache, et intime à sa mère de contacter la police. Puis il cesse de donner de ses nouvelles. 

Pendant quinze heures, sa mère et des proches attendent dans un hôtel regroupant les familles des victimes, sans en savoir plus. "Son nom n'est pas encore paru sur les listes et c'est effrayant. C'est juste que j'ai un pressentiment, un mauvais pressentiment." confie-t-elle alors au Boston GlobeLundi matin, le nom d'Eddie Jamoldroy Justice a été ajouté dans la liste de victimes

* Tous les liens vers des médias cités dans cet article sont en anglais.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.