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Haïti: des actes violents freinent la participation aux législatives
Des faits de violence et une faible participation ont marqué le premier tour des législatives haïtiennes, les premières élections depuis 2011. Quelque 5,8 millions d'électeurs inscrits, du pays le plus pauvre de la Caraïbe et du continent américain, étaient appelés à élire l'ensemble de leurs députés et deux tiers du Sénat.
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A l'issue de la journée de vote, le 9 août 2015, le conseil électoral provisoire (CEP) s'est déclaré «globalement satisfait». Pour son président, Pierre-Louis Oponta, «il n'y a pas eu d'encombrement» dans les bureaux de vote, sans toutefois consentir à fournir une estimation sur la participation.
Bémol de taille: «4% des centres de vote ont été affectés par des actes de violence» a reconnu M. Oponta, obligeant leur fermeture avant l'horaire prévu par la loi. A Port-au-Prince, la capitale, au moins trois bureaux ont été saccagés par des hommes non identifiés, armés de pierre et de bouteilles. Les urnes y ont été renversées et les bulletins déchirés. Certains habitants ont accusé les partisans du président Michel Martelly d'être à l'origine de ces attaques.
Près de 300.000 Haïtiens dissuadés d'aller voter
Frantz Lerebours, porte-parole de la police nationale d'Haïti, a indiqué à la mi-journée que, sur l'ensemble du pays, 26 centres de vote ont fermé leurs portes en avance suite à des violences aux abords ou à l'intérieur. Ces centres, installés dans des établissements scolaires, regroupent chacun plusieurs dizaines de bureaux de votes. Trois centres de vote auraient été incendiés à Savanette (département du centre), selon la présidente d'un parti d'opposition, Fusion, Edmonde Supplice Beauzile.Bémol de taille: «4% des centres de vote ont été affectés par des actes de violence» a reconnu M. Oponta, obligeant leur fermeture avant l'horaire prévu par la loi. A Port-au-Prince, la capitale, au moins trois bureaux ont été saccagés par des hommes non identifiés, armés de pierre et de bouteilles. Les urnes y ont été renversées et les bulletins déchirés. Certains habitants ont accusé les partisans du président Michel Martelly d'être à l'origine de ces attaques.
Près de 300.000 Haïtiens dissuadés d'aller voter
Ce sont donc environ 290.000 électeurs qui n'ont donc pas pu accomplir leur devoir civique, selon les estimations du président de l'administration électorale. Les membres du CEP ont trois jours pour décider si les scrutins seront réorganisés dans les circonscriptions concernées.
Après avoir voté dans un bureau de Pétionville, en banlieue de la capitale, le chef de l'Etat a minimisé ces incidents. «Nous avons eu des petits accrocs, et nous espérons les corriger pour l'élection présidentielle. Nous ne savons pas qui sont les fauteurs de trouble. Peu importe qui ils sont, c'est un problème pour tous les candidats», a affirmé M. Martelly.
Affluence record de candidats
Plus de 1.800 candidats, soutenus par des dizaines de partis, étaient en lice pour 139 postes parlementaires à pourvoir: 119 sièges à la Chambre des députés et deux tiers au Sénat. Haïti est privé de Parlement depuis une dissolution prononcée en janvier 2011. Depuis, Michel Martelly gouverne par décret: la chambre basse est déserte et les dix sénateurs encore en poste, sur les 30 normalement en fonction, ne permettent pas d'atteindre le quorum. Ces élections auraient dû se tenir en 2011 puis en 2014 mais ont, à chaque fois, été annulées en raison d'une crise profonde entre le chef de l'Etat Michel Martelly et l'opposition.
Pour ce premier tour, de nombreux bureaux à travers le pays ont ouvert avec un important retard en raison de la médiation impossible entre les mandataires des partis politiques. Légalement, chaque candidat peut être représenté par un mandataire dans chaque bureau de vote de sa circonscription. Mais cette précaution, pour prévenir les fraudes, a été inapplicable à cause du nombre important de prétendants aux postes parlementaires et des locaux exigus.
Sécurité: l'ONU réduit la voilure
Ces élections ont aussi valeur de test pour la police nationale haïtienne. Celle-ci doit désormais assurer la sécurité en période électorale alors que les effectifs de l'Onu sont en diminution. Ses membres sont passés de 13.300 à 2.370 casques bleus et 2.600 policiers. Le Réseau national pour la protection des droits de l'homme a recensé cinq assassinats liés à la préparation du scrutin entre le 9 juillet et le 2 août 2015. Cette violence récurrente dans le pays en période électorale, freine le taux de participation «très bas», selon le chef de la mission d'observation électorale de l'Organisation des Etats américains (OEA).
Selon le calendrier électoral, les résultats définitifs de ce premier tour des élections législatives sera rendu public dans un délai de six à dix jours. Aucun média, parti, ou citoyen n'est autorisé à publier des résultats, même partiels. Ce n’est qu’après vérification de tous les documents que les premiers résultats seront officialisés par le CEP le 8 septembre.
Le deuxième tour est prévu le 25 octobre, date du premier tour de l’élection présidentielle. Le pays s'apprête aussi d'ici la fin 2015 à élire l'intégralité de ses maires et élus locaux. Un long processus électoral en prespective.
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