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Qui est Bill de Blasio, le nouveau maire démocrate de New York ?

Selon des résultats encore partiels, il a été élu avec près de 70% des suffrages. Il succède au républicain Michael Bloomberg, au pouvoir depuis douze ans. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Bill de Blasio célèbre sa victoire à l'élection municipale de New York aux côtés de sa femme Chirlane, le 5 novembre 2013. (CARLO ALLEGRI / REUTERS)

New York vire à gauche. Les New-Yorkais, désireux de changement, ont élu massivement, mardi 5 novembre, le démocrate Bill de Blasio. L'Italo-Américain de 52 ans, marié à une Afro-Américaine, a écrasé son adversaire républicain Joe Lhota, avec plus de 70% des suffrages, selon des résultats encore partiels. La ville, qui n'avait plus élu de maire démocrate depuis 1989, tourne ainsi la page du maire milliardaire Michael Bloomberg, au pouvoir depuis douze ans.  

"Les New-Yorkais ont demandé haut et fort une nouvelle direction pour notre ville, unis dans l'idée qu'aucun New-Yorkais ne doit être laissé sur le bord du chemin", a déclaré Bill de Blasio, mardi soir, remerciant ses supporters, entouré de sa femme et de leurs deux enfants métis, qu'il avait placés au centre de sa campagne. Il succèdera à Michael Bloomberg le 1er janvier. Portrait. 

Sa jeunesse : un sympathisant sandiniste chevelu

Barbe fournie, cheveux hirsutes... Le New York Times est allé fouiller dans le passé de Bill de Blasio. Le quotidien révèle que dans les années 1980, il était "un ardent supporter des révolutionnaires du Nicaragua", les sandinistes menés par Daniel Ortega, qui étaient violemment critiqués par le gouvernement américain républicain de l'époque, dirigé par Ronald Reagan.

Le sympathisant sandiniste a bien évolué depuis sa période étudiante. En 2000, il devient manager de campagne d'Hillary Clinton pour le Sénat et deux ans plus tard, décroche un poste de conseiller municipal de Brooklyn. Fonction qu'il occupe jusqu'en 2009.

Sa famille : une femme lesbienne et des enfants métis

Malgré cette immersion dans la vie politique new-yorkaise, Bill de Blasio, issu de la classe moyenne, n'était encore qu'un outsider, en juillet dernier. Il commence à décoller dans les sondages en août, quand son fils Dante, dont la coupe afro fait merveille, vante les mérites de son père dans un spot télévisé. New York découvre que de Blasio n'est pas, comme le dira sa fille Chiara, "un autre mec blanc ennuyeux"

L'atout de Bill de Blasio est sa famille, multiraciale et moderne, à l'image de la ville. Sa carte maîtresse se nomme Chirlane McCray. Il s'agit de son épouse, de six ans son aînée. Poétesse afro-américaine, militante de la première heure, ancienne lesbienne, elle l'accompagne sur le terrain, parle souvent à la tribune, relit ses discours importants, participe activement à sa stratégie.

"En 1991, alors qu’ils travaillent ensemble dans l’équipe de David Dinkins, premier maire afro-américain de New York, Chirlane McCray tombe amoureuse de Bill de Blasio", raconte Le Figaro Madame. "A 58 ans, elle continue d’assumer son identité sexuelle et explique se sentir toujours lesbienne, malgré l’amour passionné qu’elle voue à son compagnon", poursuit le magazine. 

Le couple fait de la politique depuis plus de vingt ans. "Nous avons toujours été partenaires dans les campagnes", a-t-elle récemment expliqué, évoquant comme modèles Bill et Hillary Clinton, une femme qu'elle admire énormément. Pendant la campagne, Chirlane McCray n'a pas hésité pas à utiliser les réseaux sociaux pour mettre en avant une famille unie et soudée dans la course à la mairie. 

Après douze ans d'un Bloomberg pro-Wall Street, bourreau de travail souvent perçu comme hautain, qui n'évoque jamais sa vie privée, la décontraction joyeuse des De Blasio, qui vivent à Brooklyn dans une maison sans prétention, a payé. D'autant que le candidat républicain Joe Lhota manquait de charisme.

Son programme : anti-Bloomberg et anti-inégalités

Après Rudolph Giuliani (1994-2001) et Michael Bloomberg (2002-2013), Bill de Blasio s'est positionné comme un "progressiste, fier de l'être", défenseur des classes moyennes et des minorités. Face à un Bloomberg milliardaire, fondateur de l'agence financière du même nom, qui passe ses week-ends aux Bermudes où il se rend en avion privé, Bill de Blasio a fait de la lutte contre les inégalités son cheval de bataille. 

Car si New York, 8,3 millions d'habitants, est la ville des milliardaires, et compte quelque 400 000 millionnaires, elle est aussi massivement démocrate, multiraciale, à 33,3% blanche (hors hispaniques), 25,5% noire, 28,6% hispanique et 12,7% asiatique. Et plus de 20% de la population y vit en dessous du seuil de pauvreté.

Bill de Blasio répète, meeting après meeting, qu'il veut augmenter les impôts des plus riches pour financer l'école maternelle pour tous les enfants dès 4 ans ; dénonce la politique de fouilles impromptues ("stop and frisk") de la police new-yorkaise qui ciblent surtout les jeunes noirs et latinos ; promet de changer le chef de la police ; affirme vouloir faire construire 200 000 logements sociaux et défendre les hôpitaux de quartier.

"Je suis un homme de gauche qui croit en l'intervention de l'Etat", répète ce géant d'1m95 – il sera le plus grand maire de New York. Face à lui, Joe Lhota, 58 ans, ancien président des transports new-yorkais (MTA), avait affirmé, sans conviction, être "très optimiste". Ancien adjoint de Rudolph Giuliani, dépourvu de tout charisme, il avait en vain mis en avant son expérience, face à de Blasio, qui a admis lui-même n'avoir jamais géré plus de 250 personnes.

Ses limites : peu d'expérience (et de convictions ?)

Les adversaires de Bill de Blasio ne manquent pas de souligner ce manque d'expérience pour diriger la ville (300 000 personnes travaillent pour la mairie), et son discours parfois contradictoire.

Politicien œcuménique, le candidat démocrate a ainsi rencontré les principaux acteurs du monde des affaires et de l'immobilier, principales sources de richesse à New York. 

A sa ville, il a beaucoup promis. Deux jours de congé scolaire pour les fêtes musulmanes, une aide aux petites entreprises en passant par la cantine gratuite dans les écoles, sans oublier les infirmières, les personnes âgées, l'université de la ville de New York (CUNY), la communauté homosexuelle ou les taxis : son programme de campagne n'a oublié personne.

Mais à quoi croit-il vraiment ? Même certains de ses amis confiaient récemment qu'ils n'en savaient trop rien.

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