Le Sénat américain dénonce des mensonges de la CIA sur ses méthodes d'interrogatoire
Des responsables de la chambre haute américaine accusent l'agence de renseignement d'avoir dissimulé certains détails sur la brutalité qu'elle emploie, assimilée à de la torture.
Des méthodes d'interrogatoire musclées et peu transparentes. La CIA a délibérément induit les Américains en erreur au sujet de ses techniques d'interrogatoire en vigueur sous le président George W. Bush, selon un rapport du Sénat, dont des responsables se sont fait l'écho auprès du Washington Post (en anglais), lundi 31 mars. Dans ce document de 6 300 pages, rédigé par la commission du Renseignement du Sénat, la CIA est accusée d'avoir dissimulé certains détails sur la brutalité de ses méthodes, assimilées à de la torture.
L'Agence centrale du renseignement aurait exagéré l'importance de certains complots et de prisonniers détenus dans ses prisons secrètes. Elle aurait aussi caché que certains renseignements déterminants auraient été lâchés par les détenus, non pas après qu'ils ont été soumis aux techniques brutales des agents américains, mais avant, explique The Washington Post.
Exagérations et omissions
Les renseignements les plus précieux sur Al-Qaïda, "dont ceux qui ont mené à l'opération contre Oussama ben Laden en 2011", n'ont pas été obtenus grâce aux méthodes de la CIA, pointe encore le quotidien.
Ce rapport est encore confidentiel, et le journal dit avoir pu divulguer ces détails grâce aux indiscrétions de responsables qui y ont eu accès. La CIA n'a pas souhaité commenter ces informations. "Nous n'avons pas encore obtenu la version finale de ce rapport", a dit le porte-parole de la CIA.
Privations de sommeil et simulations de noyade
Le document a été bâti autour de "récits détaillés de dizaines de personnes détenues par la CIA" entre 2002 et 2006, explique le quotidien. A l'époque, l'agence était aux avant-postes de la "guerre contre le terrorisme" décrétée par George W. Bush, et utilisait ces techniques, assimilées à de la torture par de nombreux défenseurs des droits de l'homme. Ces méthodes comprenaient la privation de sommeil, la mise à nu du détenu ou encore la simulation de noyade. Le président Barack Obama y a mis fin en 2009.
La présidente de la commission du Renseignement du Sénat, Dianne Feinstein, a indiqué, la semaine passée, que ses membres comptaient voter, jeudi, pour demander formellement la déclassification de 400 des 6 300 pages du rapport. Barack Obama a apporté son soutien à sa déclassification. "Je m'engage totalement à déclassifier ce rapport dès qu'il est terminé", a-t-il dit, le 12 mars.
Ces procédures se déroulent alors que la CIA est en guerre ouverte contre le Sénat. L'agence d'espionnage est accusée d'avoir entravé l'action des assistants parlementaires qui ont travaillé pendant plus de trois ans à la rédaction de ce rapport, notamment en supprimant des documents de leurs serveurs.
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