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Les paysans colombiens veulent avoir la paix

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min

En Colombie, l’armée et les guérilleros des Farc se font la guerre depuis plus d’un demi siècle.

Excédées d’être prises entre deux feux et de voir leurs terres confisquées par l’armée pour ses besoins stratégiques, des familles de paysans ont décidé de chasser des militaires de leur campement installé sur le mont Calandaima dans le département du Cauca, au sud-ouest de la Colombie.

Douze photos de Luis Robayo, datées du 28 juin, illustrent ce propos.

Le 24 mai 2011, un texte de loi est adopté par le Sénat colombien permettant de restituer leurs terres aux paysans déplacés ou obligés de fuir à cause d’un conflit qui dure depuis un demi-siècle. 

Mais les Farc et les bandes criminelles, issues en partie d'ex-milices paramilitaires d'extrême-droite, ont pris possession de terres dans de nombreuses régions comme celles du département du Cauca. Cette région est une zone d'acheminement pratique pour le trafic des armes ou de la drogue. ( AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Ces groupes s’affrontent régulièrement avec l’armée, mettant en danger la vie des paysans.

C’est dans cette région, le 9 juin 2012 au matin, que 1200 paysans encerclent et prennent d’assaut le mont Calandaima, dans la zone rurale de Miranda, où des militaires se sont installés. De nombreuses tranchées ont été creusées par les soldats car cette montagne est un point stratégique pour surveiller les mouvements des Farc. (AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
«Nous, les paysans, sommes très affectés par ce conflit, qui s'est accentué lorsque des bases militaires ont été installées sur notre territoire», raconte Carmen Irenia Largo, une responsable de l’opération. 

«Depuis-là haut, ils nous criaient que nous n'avions pas le droit d'entrer mais nous avons avancé et face à tant de monde, ils ont dû partir», raconte Cristobal Guamanga, président du syndicat des petits agriculteurs du Cauca. (AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Les paysans décident alors de monter un campement de fortune avec des tentes en plastique et des cabanes en bois. Il s’agit d’occuper pacifiquement le site pour empêcher les militaires d’y rester.

Mais si l’armée a dû quitter sa place-forte, elle n’a pas totalement déserté la zone. Certains soldats se sont installés dans une tranchée non loin des paysans. ( AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Le ministre de la Défense, Juan Carlos Pinzón, refuse que les paysans soient délogés par la force. Mais il veut que les paysans dénoncent les Farc si ces derniers jouent un rôle dans l’occupation du site militaire. (AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Les paysans demandent que cette zone soit définitivement démilitarisée. Mais chaque partie a de bonnes raisons de rester sur ses positions.

Les paysans sont d’autant plus exaspérés par la présence des soldats que de ces derniers sont accusés de commettre de nombreux abus sur les civils. ( AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Carmen Irenia Largo s’inquiète aussi de l’impact que ces conflits peuvent avoir sur les enfants, et des dangers qu’ils peuvent encourir. Son frère a été tué par l’armée qui l’avait confondu avec un rebelle. 

«Psychologiquement, les enfants sont pris dans le conflit dès leur plus jeune âge. Quand un hélicoptère passe, ils attrapent un bâton et font semblant de tirer comme avec un fusil», confie-t-elle. (AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Les paysans pensent également que la lutte contre la guérilla n’est pas l’objectif prioritaire de l’armée. Ils la soupçonnent de vouloir les chasser de leurs terres pour que des sociétés étrangères s’y installent et exploitent les ressources naturelles.

«Ici, nous avons de l'eau, des forêts, des carrières de marbre, de coltan (ndlr: un minerai stratégique utilisé pour la fabrication d'équipements électroniques,de nickel,»affirme Cristobal Guamanga. (AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Dernier point : les paysans pensent que l’armée pourrait aussi les empêcher de cultiver la coca. La Colombie est restée l’un des premiers producteurs au monde, alors qu’il est officiellement interdit de cultiver cette plante.

L’éradication forcée, sans programmes alternatifs, est vouée à l’échec, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC).

Pour de nombreux paysans, la culture de la coca reste encore la seule solution pour faire vivre leurs familles. (AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Si les paysans se méfient des soldats, l’armée, de son coté, suspecte les paysans d’apporter une aide à la guérilla. 

«C’est totalement faux. Car ici il y a desparamilitaires et des bandes qui peuvent nous attaquer», rétorque le leader paysan. ( AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
L’action des paysans est soutenue par de nombreux militants d’ONG colombiennes qui défendent le droit des paysans à occuper leurs terres. Ils demandent que ces populations ne soient plus déplacées au gré des besoins de l’armée.

Piedad Cordoba, longtemps médiatrice entre le gouvernement et les Farc, est venue apporter son soutien aux paysans. ( AFP PHOTO/Luis ROBAYO)
Malgré toute cette agitation, la vie a repris son cours dans la communauté paysanne du camp de Calandaima qui essaye d’oublier ce conflit. Les hommes continuent de travailler la terre et les femmes de gérer le campement.

Les enfants, eux, ont inventé un nouveau jeu : celui de deviner quand résonnent les tirs dans la montagne, et qui en est responsable, soldats, guérilleros ou criminels. (AFP PHOTO/Luis ROBAYO)

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