Malgré les problèmes de pollution, le Pérou réduit ses lois environnementales
Début juillet 2014, le gouvernement péruvien a acté une loi controversée, qui diminue largement les prérogatives de son ministère de l’Environnement. Le ministère est privé de sa juridiction sur les standards de qualité de l’air, de l’eau et du sol péruvien, ainsi que de sa capacité à limiter l’utilisation de substance nocives. Le droit à la création de réserves naturelles, protégées des industries minière et pétrolière, lui est également retiré. Dans le même temps, la loi renforce les exceptions fiscales sur les projets miniers et diminue les amendes encourues en cas d’infraction environnementale.
Le timing frisait la provocation quelques mois seulement avant la Conférence internationale des Nations Unies sur le changement climatique qui allait se tenir sur son sol. Les Nations Unies, ainsi que de nombreuses associations écologistes, n'avaient d'ailleurs pas tardé à critiquer cette loi. Le sommet de Lima devait finaliser la préparation pour le rendez-vous de Paris, fin 2015, où l’ONU espère finaliser un nouveau traité, 10 ans après l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto.
La loi votée par Lima vise à inciter les grandes compagnies minières à investir dans le pays. L’industrie minière est cruciale pour le Pérou, qui possède les lois les plus accommodantes d'Amérique du Sud. Au total, les minerais représentent plus de 60% des exportations du pays et dans certains Etats, plus de la moitié des terres ont un statut de concession. Après des années de croissance supérieure à 6%, l'économie du pays a beaucoup ralenti ces derniers mois. Le gouvernement de Lima a promis de retrouver le rythme de croissance des années 2008-2013 avant 2015.
Le ministère de l’Environnement a été créé il y a sept ans face aux graves problèmes environnementaux que connaît le pays, principalement la déforestation et la pollution de l’air et de l’eau. A Lima en 2006, la pollution de l’air dépassait les normes internationales de 122%. La pollution industrielle crée également des problèmes en dehors des villes, notamment avec les populations indiennes de la forêt amazonienne et les fermiers andins. Au mois de juin 2014, le gouvernement recensait au moins 80 affrontements entre la police et les locaux autour des sites miniers.
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