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Mexique : «El Chapo», le roi de l’évasion
Le baron mexicain de la drogue Joaquin «El Chapo» Guzman s’évade d’une prison de haute sécurité par un tunnel de 1.500 mètres et met les autorités dans l’embarras. Le président Enrique Pena Nieto parle «d’affront à l’Etat». «El Chapo» en est à sa deuxième évasion spectaculaire.
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Une vaste chasse à l’homme a été lancée au Mexique pour retrouver le plus grand narcotrafiquant du pays. Samedi 11 juillet 2015, Joaquin «El Chapo» Guzman fait semblant de prendre une douche et en profite pour s’échapper par un trou qui conduit à un tunnel de plus de 1 500 mètres et aboutit dans une demeure en construction. Le temps que les gardiens constatent sa disparition des écrans de vidéosurveillance, le prisonnier le mieux gardé du Mexique s’est envolé.
Pourtant, les autorités savaient que le prisonnier s’était déjà fait la belle d’une autre prison. «El Chapo», diminutif de «Chaparro» (courtaud), allusion à sa taille de 1,64 mètre, s'était évadé d'une prison de haute sécurité en 2001, caché dans un panier à linge sale. Durant son séjour, il avait réussi le tour de force de devenir le véritable maître de la prison. Il y recevait femmes, invités et même des officiels locaux. L’homme à la plus célèbre moustache du Mexique gérait aussi bien les détenus... que le personnel !
Cette fois-ci, l’organisation de l’évasion a été planifiée de longue date. Le tunnel que Guzman a emprunté disposait d’un système d’éclairage, de ventilation et des rails sur lesquels était fixée une moto. Il fait 1,70 mètre de hauteur, largement suffisant pour la taille du fugitif.
Complicité interne ? L’hypothèse n’est pas écartée par les autorités mexicaines. 18 employés de la prison et des officiels ont été interpellés et interrogés dans la ville de Mexico. C’est un coup dur pour le président Peña Nieto qui a fait de la lutte contre la drogue son combat. Son ministre de l’Intérieur, Miguel Angel Osorio Chong, qui l’accompagnait en France pour une visite d’Etat, a immédiatement rebroussé chemin vers le Mexique après avoir atterri à Paris.
La presse ironise. Des militaires mexicains défileront le 14-Juillet sur les Champs-Elysées. «Pas de quoi se pavaner pourtant…», persiflent les journaux mexicains.
Main basse sur le cartel. «S'il n'est pas capturé dans les 48 heures, il va pouvoir reprendre le contrôle total du cartel de Sinaloa», s’alarme Mike Vigil, ancien chef des opérations internationales au sein de l'agence anti-drogue (DEA) des Etats-Unis. Selon l'expert, il sera très difficile de le retrouver s'il atteint l'Etat de Sinaloa, sa région natale, «et qu'il s'enfonce dans les montagnes. Il bénéficie là-bas de la protection des villageois.»
Washington s’est empressé de proposer ses services pour la capture du quinquagénaire sanguinaire. Le cartel de Sinaloa a mené une guerre féroce contre les forces armées et contre les cartels rivaux, dont celui des Zetas, pour le contrôle du trafic de cocaïne vers les Etats-Unis. Depuis 2006, plus de 80.000 personnes ont été tuées au Mexique dans les violences liées au trafic de drogue.
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