Rencontre avec le chef de gang haïtien Jimmy "Barbecue" : "Ce n'est pas aux Américains, aux Français, aux Canadiens de décider pour nous"

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Article rédigé par Omar Ouahmane
Radio France
Haïti est prise dans une spirale de violence et d'instabilité, les gangs ont renversé le gouvernement. Selon Jimmy Chérizier, alias "Barbecue", un chef de gang haïtien influent, le problème peut se résoudre "à l'Haïtienne" et lui-même fait "partie de la solution."

Depuis des décennies, Haïti est ravagée par la pauvreté, les catastrophes, l'instabilité et la violence. Des violences qui ont explosées depuis février 2024, faisant plus de 1 500 morts. Les gangs se sont ralliés pour demander la démission du Premier ministre, Ariel Henry. À leur tête, un ancien policier, Jimmy Chérizier alias "Barbecue".

Selon une rumeur, ce surnom viendrait de son habitude de brûler ses adversaires, mais ce n'est pas sa version. "Il y avait beaucoup de Jimmy dans le quartier. Et vu que ma maman faisait du barbecue comme business, pour me différencier des autres Jimmy, on disait : 'Je vais voir Jimmy Barbecue', explique Jimmy Chérizier. J'ai un discours qui dérange, ce sont les oligarques et la classe politique traditionnelle corrompue qui ont tout inventé."

"La force multinationale va échouer, il y aura un bain de sang"

Pour lutter contre les gangs, l'ONU a approuvé l'envoi d'une force multinationale. Le Kenya doit envoyer 1 000 policiers, majoritairement financés par le Canada et les États-Unis. "Ce n'est pas aux Américains, aux Français, aux Canadiens de décider pour nous. Eux, ils décident pour leurs intérêts. Les policiers kényans qui vont arriver ne connaissent pas nos mœurs, nos coutumes, ça va poser problème".

"Si je dis à la communauté internationale de ne pas envoyer la force multinationale, beaucoup vont dire : 'Voilà, il a mis le chaos dans le pays et maintenant, il a peur de la force multinationale.' C'est pour ça que n'ai pas dit de ne pas envoyer la force. Mais je dis que la force va échouer. Et je dis qu'il y aura un bain de sang. Je dis aussi qu’on peut résoudre ce problème à l'haïtienne ! Moi, je fais partie de la solution. Si on veut réellement en finir avec l’insécurité, je dois faire partie du dialogue".

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