Salvador : les deux candidats à la présidentielle se disputent la victoire
Un écart minime sépare les résultats de Sanchez Ceren et son opposant de droite Norman Quijano aux scutins de l'éléction présidentielle. Si l'ancien guérillero crie victoire, son adversaire crie de son côté à la fraude.
L'ancien guérillero de gauche Sanchez Ceren a revendiqué la victoire à la présidentielle du Salvador, sur le candidat de droite Norman Quijano qui a aussitôt dénoncé des "fraudes".
Selon le Tribunal suprême électoral (TSE), l'ex-guérillero Salvador Sanchez Ceren, candidat du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), a obtenu 50,11% des voix contre 49,89% pour le candidat de droite Norman Quijano, après le dépouillement de 100% des bulletins.
L'ex-guerillero l'emporte avec seulement 6.448 votes d'avance sur Quijano, une "photo finale" surprenante alors que les sondages promettaient à la gauche 10 à 18 points d'avance.
"Nous l'avons emporté au premier tour et maintenant nous avons triomphé au deuxième. Il faut que le Salvador respecte la volonté du peuple", a lancé Sanchez Ceren, l'actuel vice-président de 69 ans, devant un millier de ses partisans clamant "Oui, on peut" et "le peuple uni jamais ne sera vaincu".
Un peu plus tôt, l'Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite) avait elle aussi annoncé la victoire de son candidat Norman Quijano, ancien maire de la capitale, San Salvador.
Devant l'étroitesse de l'écart, le président du TSE, Eugenio Chicas, a demandé qu'aucun des candidats ne proclame sa victoire et a appelé à la "prudence". Le TSE a également ordonné un décompte manuel des bulletins, qui commencera lundi et pourrait durer trois jours.
Peu après, Norman Quijano a accusé la gauche au pouvoir d'orchestrer "une fraude" avec les autorités électorales, et a rejeté les résultats donnant une avance minime à son opposant.
"Nous n'allons pas permettre des fraudes dans le genre chaviste ou de Maduro comme au Venezuela. Ici, c'est le Salvador", a déclaré M. Quijano devant des centaines de partisans, agitant, comme il l'a fait durant la campagne, l'épouvantail vénézuélien, le gouvernement du socialiste Nicolas Maduro étant contesté dans la rue depuis plus d'un mois par des étudiants et l'opposition, provoquant de nombreux affrontements entre police et manifestants.
Les deux candidats se sont affrontés lors de ce second tour de l'élection présidentielle pour un mandat unique de cinq ans.
M. Ceren avait manqué d'un cheveu l'élection dès le premier tour, le 2 février, avec 49% des voix.
Ex-ministre, l'ancien membre du haut commandement de la guérilla est l'actuel vice-président du sortant Mauricio Funes, un journaliste modéré élu en 2009, mettant fin à 20 ans de règne de l'Arena et signant la première élection d'un président de gauche à la tête de ce pays de 6,2 millions d'habitants.
M. Ceren a promis d'approfondir les programmes sociaux initiés par le gouvernement, qui sont parvenus à faire diminuer de presque six points un taux de pauvreté s'établissant désormais à 40% de la population, selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
M. Quijano, un ancien dentiste de 67 ans et profondément anti-communiste, s'est engagé, lui, à "améliorer" les dispositifs sociaux existants et à s'attaquer à la criminalité, marquée par les activités des "maras", des bandes criminelles constituées de jeunes gens reconnaissables à leurs multiples tatouages et se livrant notamment aux extorsions et à divers trafics.
Malgré une trêve observée depuis deux ans entre les deux principales "maras", qui a permis de faire chuter les homicides de 14 à moins de sept par jour, celles-ci poursuivent activement leurs activités criminelles, notamment les rackets.
Pourtant, le thème n'a pas dominé la campagne, et les deux candidats se sont accordés à promettre des programmes de prévention, de réinsertion et de soutien à la police.
Le scrutin avait été placé sous la surveillance de 40.000 policiers et militaires, ainsi que de 2.000 délégués d'organisations et de gouvernements étrangers.
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