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Venezuela:près de 2 millions de signatures contre le président socialiste Maduro

L'appel à signatures lancé par l'opposition en vue d'un référendum révocatoire contre le successeur du très populaire Hugo Chavez, mort en 2013, a connu un succès dépassant toutes ses espérances. Il a fallu seulement deux jours pour réunir près de 2 millions d'approbations au départ de Nicolas Maduro, devenu ces derniers mois l'objet d'un mécontentement populaire profond lié à la crise économique.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président vénézuélien Nicolas Maduro lors d'un défilé le 1er mai 2016 à Caracas. (CARLOS BECERRA / ANADOLU AGENCY)

Le 2 mai 2016, la coalition de la Table pour l'unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement, a déposé auprès du Conseil national électoral (CNE) «1,85 million de signatures!!!», s'est réjoui sur Twitter Jesus Torrealba, son secrétaire général. En 48h, les habitants se sont déplacés en masse aux différents points de collecte installés dans le pays.
 
«Une démonstration de poids que nous, les Vénézuéliens, choisissons la voie constitutionnelle, démocratique, pacifique. Nous voulons décider avec notre voix, notre vote, de l'avenir de notre pays», a précisé l'un des chefs des opposants à Maduro, Henrique Capriles, candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2013.

D'autres étapes prévues avant l'éventuel référendum
Le CNE, réputé proche du gouvernement, vérifiera si le minimum de voix requis (195.721, soit 1% de l'électorat) a été atteint, appellera les signataires à confirmer en personne leur choix, avant de procéder à une ultime vérification.

L'ensemble du processus pourrait prendre un mois, voire plus si le CNE tente de le retarder, puis, l'opposition devra franchir une deuxième étape en réunissant quatre millions de voix en trois jours afin de convoquer le référendum, qu'elle espère organiser dès fin novembre 2016.

Un seul référendum révocatoire n'a été utilisé dans l'histoire du pays. C'était en 2004, contre l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013) et ce fut un échec.

Cette fois, la consultation pourrait bénéficier de la grogne sociale croissante, illustrée par les émeutes et pillages de ces derniers jours à Maracaibo (nord-ouest), deuxième ville du pays. «Le pays veut sortir ce gouvernement», a affirmé Jesus Torrealba.

Une démarche, rendue possible par l'arrivée à mi-mandat du président et appuyée par un récent sondage de Venebarometro dans lequel 68% des Vénézuéliens, excédés par les pénuries et une inflation à trois chiffres (180,9% en 2015, 700% prévus par le FMI en 2016), souhaitent un départ du président le plus vite possible et une nouvelle élection.

Toutes sortes de restrictions s'abattent sur les Vénézuéliens
Alors que le Venezuela sombre chaque jour plus profondément dans une crise économique et énergétique, ses 30,7 millions d'habitants voient leur quotidien constamment chamboulé, devant se plier à une batterie de mesures, parfois spectaculaires, imposées par l'exécutif:
 
  • Le 25 avril, des coupures de courant d'au moins quatre heures par jour sont entrées en vigueur dans une grande partie du territoire.
  • Le 26, le président Maduro a décrété que les fonctionnaires ne travailleraient plus que les lundis et mardis.
  • Enfin, le 1er mai, le pays a avancé ses aiguilles de 30 minutes, passant au fuseau horaire -04H00 GMT pour profiter plus longtemps de la lumière du jour.
L'objectif de ces mesures? Economiser l'électricité, qui fait cruellement défaut alors que le phénomène climatique El Niño engendre la pire sécheresse en 40 ans, selon le gouvernement. Un manque d'investissements dans le secteur, accuse l'opposition.

Le Venezuela n'a plus les ressources nécessaires pour importer de l'énergie: son économie, fondée à plus de 95% sur ses abondantes ressources pétrolières (les plus importantes du monde), s'est effondrée quand les cours du brut ont chuté.

«L'être humain le plus attaqué au Venezuela»
Les coupures sont «un sacrifice nécessaire», a plaidé le président Maduro le jour de la Fête du travail, tentant de rehausser un peu sa popularité en annonçant une augmentation de 30% du salaire minimum.

A aucun moment, l'héritier politique d'Hugo Chavez ne se déclare vaincu. Son pouvoir est encore important. Il contrôle le gouvernement et la plupart des institutions. Et, alors que la Banque centrale annonce une baisse de 8% du PIB, il a exhorté ses partisans à se «déclarer en rébellion et décréter une grève générale indéfinie» en cas de succès du référendum, se plaignant d'être «l'être humain le plus attaqué au Venezuela».

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