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Viol d'une touriste au Brésil : "Rio est un véritable baril de poudre"

La violente agression d'un couple de touristes samedi à Rio de Janeiro pose la question de la sécurité dans une ville qui doit accueillir les JMJ, la Coupe du monde puis les JO. Hervé Théry, spécialiste du Brésil, analyse la situation.

Article rédigé par Lorraine Kihl - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La plage de Copacabana, à Rio de Janeiro (Brésil), d'où le couple de touristes aurait été enlevé avant d'être séquestré dans la nuit du 30 au 31 mars 2013. (MACDUFF EVERTON / GETTY IMAGES)

Les autorités brésiliennes ont réagi rapidement après le viol collectif d'une touriste américaine, agressée dans la nuit de samedi 30 à dimanche 31 mars avec son compagnon français à Rio de Janeiro. Alors que deux suspects ont été arrêtés dans le week-end, une jeune femme brésilienne, qui avait subi le même sort que l'Américaine quelques jours plus tôt et avait porté plainte, a reconnu ses agresseurs. Deux responsables de la police ont été limogés pour avoir laisser traîner l'enquête initiale.

L'affaire suscite l'indignation au Brésil et aux Etats-Unis, et pose la question de la sécurité à Rio, à quelques mois des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) et à un an du Mondial de football. Hervé Théry, directeur de recherches au CNRS et spécialiste du Brésil, analyse la situation pour francetv info.

Francetv info : Rio de Janeiro est-elle une ville particulièrement dangereuse ?

Hervé Théry : La particularité de Rio de Janeiro, par rapport à d’autres grandes villes brésiliennes, est que les favelas viennent jusqu’au centre-ville. Les habitants des bidonvilles représentent 65% de la population. C'est un véritable baril de poudre. Il est d'ailleurs miraculeux qu'il n'y ait pas davantage d’affaires pour une ville de 10 millions d’habitants. 

Les médias n'ont pas manqué de relever l'absence de zèle dont a fait preuve la police lorsqu'une première femme brésilienne a porté plainte pour des faits similaires...

La police est beaucoup plus efficace lorsqu'il s'agit d’étrangers, mais pas seulement. Les relations entre la police et les habitants pauvres de la ville sont mauvaises. De sorte que le zèle policier ne concerne pas seulement les étrangers mais aussi la population de la classe moyenne ou supérieure. Alors qu'elle laisse les pauvres s'entretuer, il n'est pas rare qu'elle intervienne dans le cas de balles perdues, puisque bidonvilles et quartiers riches sont entremêlés. 

Le Brésil a-t-il prévu des dispositifs de sécurité supplémentaires avec l’organisation des JMJ en juillet, de la Coupe du monde en 2014 et des JO en 2016 ?

Jusqu’à présent, lors de grands rassemblements comme pour les Jeux panaméricains en 2007, la police s'entendait avec les trafiquants pour que rien ne se passe pendant l’évènement. Mais les autorités ont mis le paquet, depuis, pour reconquérir les favelas de Rio. Le gouvernement fédéral a lancé, conjointement avec l'Etat de Rio et la municipalité, deux opérations militaires en novembre 2010 et novembre 2011. Elles visent à dégager le centre-ville, la route vers l’aéroport et les quartiers chics. Le gros du trafic est tenu à distance et les habitants respirent un peu plus. Des unités de "police pacificatrice" reprennent au fur et à mesure le contrôle aux militaires. 

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