: Vidéo Haut-Karabakh : l'exode de dizaines de milliers d'Arméniens continue
Depuis dimanche 24 septembre, c’est un défilé ininterrompu de voitures au poste-frontière de Kornidzor. Kornidzor, c’est le dernier poste arménien avant le Haut-Karabakh désormais conquis par l’Azerbaïdjan. Une guerre éclair : en 24 heures, les séparatistes armés ont capitulé. Bakou a mis la main sur la petite enclave peuplée de quelque 120 000 Arméniens. Depuis l’ouverture de la frontière, scellée depuis plusieurs mois, les Arméniens partent en masse. Pas question pour l’immense majorité d’entre eux de vivre sous le joug de l’Azerbaïdjan, d’envoyer leurs enfants dans les écoles azerbaïdjanaises où l’on apprend la haine de l’Arménien, de voir les hommes servir dans l’armée azerbaïdjanaise, qui combat celle d’Arménie.
En décembre 2022, Bakou a fermé la seule route reliant l’Arménie au petit territoire, une ligne de survie, le corridor de Latchin, imposant un blocus à la population civile, affamée, manquant de médicaments et de carburant. Quand les premiers obus sont tombés, mardi 19 septembre, la population et son armée étaient trop affaiblies pour résister.
Une "patrie" à portée de main, mais inaccessible
Chaque jour, des dizaines de familles sont venues devant ce poste scruter ces montagnes, celle de leur "patrie" à portée de main, mais inaccessible. Quelques petits kilomètres les séparent du Haut-Karabkah, on aperçoit la ville de Latchin, avec des jumelles on peut observer les premiers villages. Alors depuis que les combats ont éclaté, chaque jour, ils viennent en grappes regarder cet horizon, dans l’espoir qu’un de leurs proches pourra passer. Ils ont tremblé en entendant les tirs de mortiers et d’artillerie. Ils appellent frénétiquement, mais l’électricité est coupée et les communications passent très mal. Tous s’inquiètent et vous disent que leur famille, là, juste de l’autre côté, meurt de faim et de violences et qu’il faut évacuer les civils.
Samedi 23, la Croix-Rouge internationale est parvenue à envoyer 70 tonnes d’aide humanitaire, une première depuis le déclenchement des combats, ainsi que des ambulances pour évacuer les blessés les plus graves.
Et puis le lendemain, la nouvelle est arrivée que l’Azerbaïdjan ouvrait la frontière pour permettre à ceux qui le souhaitent de quitter le territoire. Tout le monde s'est précipité au poste-frontière, les familles les journalistes. Quelques véhicules se présentent, leurs occupants sont enregistrés, avant de poursuivre leur route. Mais seuls quelques véhicules sortent au compte-gouttes. Leurs occupants, le visage amaigri, font un grand sourire une fois la frontière franchie. Il y a plus de journalistes que de civils du Haut-Karabakh. Aux voitures particulières succèdent des minibus transportant des civils évacués de l’aéroport de Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh, où ils s’étaient réfugiés aux premières heures des bombardements.
Des femmes, des enfants des personnes âgées. Ils sont emmenés à Goris, la première grande ville après la frontière. Le théâtre est le point de rassemblement. Des vivres, de l’eau, un toit aussi est proposé à ceux qui n’en ont pas. Beaucoup descendent hagards, avec un petit sac, emporté à la hâte. Ils ont quitté leur pays conquis par "l’ennemi" et ils savent qu’ils ne reverront plus leurs maisons ni les tombes de leurs ancêtres.
Toute la nuit, l’exode s'est poursuivi et s’est amplifié mardi. Mercredi, les autorités arméniennes disent avoir recensé plus de 50 000 réfugiés en provenance du Haut-Karabakh.
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