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Australie: des médecins mobilisés contre la détention des réfugiés mineurs

La détention d’immigrés clandestins sur des îles du Pacifique et de Papouasie-Nouvelle-Guinée donne lieu à des critiques en matière de respect des droits de l’Homme en Australie. Au-delà, des organisations de médecins estiment que les demandeurs d’asile mineurs, une fois soignés à l’hôpital, ne doivent pas retourner dans ces camps surpeuplés où les conditions d’hygiène sont déplorables.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des manifestants par milliers réclament à Brisbane, le 11 octobre 2015, la fermeture du camp de rétention des immigrés clandestins de Manus Island, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. (CITIZENSIDE/ALEX BAINBRIDGE / CITIZENSIDE.COM)

Les «médecins sont dans une position très compliquée», reconnaît Brian Owler, président de l’Association médicale australienne (AMA). Les souffrances psychologiques endurées en détention par les enfants placent, selon lui, les médecins devant un dilemme éthique. «Nous serions négligents si nous devions renvoyer dans un environnement que nous estimons néfaste, un enfant que nous venons de soigner dans nos hôpitaux», ajoute-t-il.

Pour le Collège royal australien des médecins (RACP), «la santé et le bien-être des enfants ne peuvent jamais être matière à compromis». Son président Nick Talley estime qu'«aucun enfant ne devrait être maintenu en détention» dans ces camps.

La politique migratoire australienne, très restrictive, est décriée par les organisations de défense des droits de l’Homme. Les bateaux de clandestins qui ont fui les conflits armés et les violences de leur pays d’origine sont systématiquement refoulés par la marine australienne. Cette dernière a été accusée, en juin 2015, d'avoir payé des passeurs avec une soixantaine de demandeurs d'asile à bord de deux bateaux pour qu'ils fassent demi-tour en direction de l'Indonésie, selon Courrier international.

200 de mineurs détenus
Ceux qui parviennent néanmoins à gagner les rives australiennes sont placés dans des camps de rétention sur l'île de Namus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou sur l'île de Nauru, dans l'océan Pacifique. Là, sont détenus des Afghans, Soudanais, Irakiens, Iraniens, Libanais, Pakistanais, Somaliens, Syriens. Parmi ces migrants, selon M.Owler, environ 200 mineurs sont en détention, dont la moitié en Australie. Selon les derniers chiffres du gouvernement australien, 86 enfants sont détenus à Nauru. 



Un rapport d’Amnesty International Australie en 2013 décrivait les conditions de vie «sordides» du camp de Manus: tentes trouées, chaleur étouffante, tentatives de suicide. A la suite de ce rapport, l’ONU s’était empressé de dénoncer la politique «inhumaine» et «illégale» de l’Australie, pourtant signataire depuis 1954 de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés qui fuient des persécutions.

En 2014, le pays a signé après plusieurs mois de négociations avec le Cambodge, l'un des Etats les plus pauvres du monde, un accord controversé visant à accueilir de façon permanente, s'ils le souhaitent, des migrants ayant obtenu le statut de réfugié à Nauru. En échange, les autorités australiennes se sont engagées à verser à Phnom Penh plus de 27 millions d'euros d'aide sur quatre ans. Mais seules quatre personnes ont accepté cette solution.

Et selon le ministre australien de l'Immigration, Peter Dutton, des négociations sont en cours avec d'autres pays dont les Philippines pour accueilir des réfugiés. La photo du petit Aylan, retrouvé mort sur une plage turque, dont la médiatisation et celle du périple des migrants vers l'Europe, ont ému les Australiens. Lesquels se sont mobilisés à travers le pays pour faire pression sur leur gouvernement.

Un appel entendu par l'ancien Premier ministre Tonny Abbott qui s'était récemment engagé à accueilir à titre «exceptionnel» 12.000 réfugiés syriens. Une mesure ponctuelle qui n'assouplira pas la politique migratoire très sévère de l'Australie.

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