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Australie : le pays qui ne connaît pas de récession

Heureuse Australie qui, non contente de n’avoir jamais connu la moindre récession en 25 ans, affiche un deuxième trimestre 2016 en forte croissance. Certes, l’industrie minière connaît quelques difficultés, mais peu de pays dans le monde affichent une croissance de 3,1% et un taux de chômage de 5,7%.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un camion chargé de minerai circule sur le site d'une mine de fer à quelque 400 km de la ville de Port Hedland (côte ouest de l'Australie). (Reuters - David Gray)

Peu de pays peuvent afficher une absence de récession pendant 25 ans (une récession se définissant généralement comme étant un recul du PIB pendant deux trimestres consécutifs). Et ce miracle à l'Australienne semble se poursuivre. Le bond des exportations a permis à l'Australie, 12e puissance mondiale et 5e pays le plus riche du monde, de dégager une croissance de 3,3% en rythme annuel contre 2,9% le trimestre précédent, malgré une performance locale en demi-teinte.

La contraction du secteur minier a pesé sur la croissance australienne. Mais cette baisse a été compensée par une augmentation de la dépense publique et une croissance modeste de l'immobilier et des dépenses des ménages.

Quoi qu'il en soit, la croissance de l'Australie peut faire des envieux: les Etats-Unis n'ont réalisé que 1,2%, l'Union européenne 1,6% et la Grande-Bretagne 2,2%. Elle bat même les 3,1% de croissance de l'Allemagne. 


Crise des subprimes, chômage, dette... L'Australie semble traverser toutes les crises sans mal. «Depuis 20 ans, le pays des Wallabies enregistre une croissance ininterrompue de 3,4% en moyenne par an. Même la crise financière de 2008 a été surmontée sans difficulté alors qu'ailleurs elle faisait des ravages. A moins de 29% du PIB, la dette publique reste modeste comparée aux 92% de la zone Euro», précise Pascal Nguyen, professeur de finance à Neoma Business School.

Trop dépendante des matières premières
Et encore cette croissance de l’Australie pourrait être bien plus forte si le grand voisin chinois ne connaissait pas un ralentissement de son économie. En effet, grande productrice de matières premières (fer, charbon, uranium...), l’Australie pâtit cruellement de la baisse des cours de ces produits du fait du ralentissement chinois.

La Grande barrière de corail, en Australie. Outre ses matières premières, le pays dispose de ressources importantes dans l'industrie des services, comme le tourisme. (Sarah Lai / AFP)
Les économistes sont nombreux à souligner la dépendance de l'économie australienne à la demande de matières premières. «En dix ans les exportations de charbon et de minerai de fer se sont envolées pour atteindre 150 milliards de dollars grâce notamment à une évolution favorable des prix. Même si ce chiffre ne représente que 10% du PIB, l'effet multiplicateur est considérable dans la mesure où les salaires et les profits issus de l'activité minière soutiennent la demande dans les autres secteurs de l'économie. De plus, les grandes sociétés minières comme BHP et Rio Tinto ont parié sur une poursuite de la croissance chinoise et lancé de gigantesques programmes de développement qui sont venus ajouter plusieurs points de croissance au PIB», précise Pascal Nguyen

«Les ventes de matières premières représentent aujourd’hui 52% des exportations, contre 31% en 2000, tandis que les parts de l’industrie et des services ont respectivement fondu de 24% à 14%, et de 26% à 20%», notait Le Monde.

Il suffit donc que le principal client de l'Australie, la Chine, s'enrhume pour que l'Australie tousse. Mais pour l'instant le système a tenu. Cette part prépondérante des matières premières (mais aussi des produits agricoles) dans l'économie, qui pourrait classer l’Australie dans les pays en voie de développement, est toujours dangereuse et susceptible de retournements. Mais l’Australie dispose d’autres atouts (éducation, services, tourisme) qui compensent cette faiblesse structurelle.

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