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Birmanie : Aung San Suu Kyi de nouveau inculpée par la junte militaire

L'ancienne cheffe du gouvernement civil est "en bonne santé", a affirmé mardi le vice-ministre de l'Information Zaw Min Tun lors d'une conférence de presse.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Des manifestants brandissent des pancartes en soutien à l'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, écartée du pouvoir par un coup d'Etat de la junte militaire, le 16 février 2021 à Rangoun.  (YE AUNG THU / AFP)

Faisant fi des condamnations internationales, la junte a inculpé une nouvelle fois Aung San Suu Kyi. Déjà poursuivie pour avoir importé illégalement des talkies-walkies, l'ex-dirigeante birmane de 75 ans fait face à une nouvelle inculpation pour avoir violé "la loi sur la gestion des catastrophes naturelles", a indiqué mardi 16 février à l'AFP son avocat Khin Maung Zaw, précisant qu'une nouvelle audience devait avoir lieu le 1er mars. Cette procédure n'a rien d'équitable, avait commenté en amont Tom Andrews, rapporteur spécial de l'ONU. "Il n'y a rien de juste dans la junte. C'est du théâtre (..) et bien sûr, personne ne les croit."

L'ancienne cheffe du gouvernement civil est "en bonne santé", a affirmé de son côté le vice-ministre de l'Information Zaw Min Tun lors d'une conférence de presse. Aung San Suu Kyi et l'ex-président Win Myint sont "dans un endroit plus sûr pour leur sécurité (...) Ce n'est pas comme s'ils avaient été arrêtés. Ils restent chez eux", assignés à résidence dans la capitale administrative Naypyidaw, a-t-il ajouté.

La répression se poursuit 

Interdiction des rassemblements, déploiements de véhicules blindés, interpellations nocturnes, renforcement de l'arsenal législatif : les militaires n'ont cessé de durcir le ton depuis leur coup d'Etat qui a mis fin à une fragile transition démocratique de dix ans. "Les manifestations ont été violentes (...) des sanctions seront prises", a averti une nouvelle fois Zaw Min Tun. Malgré cela, la mobilisation se poursuit et de nombreux fonctionnaires se sont déjà mis en grève pour protester contre le putsch.

Quelque 400 personnes – responsables politiques, médecins, activistes, étudiants, grévistes – ont été placées en détention ces deux dernières semaines, d'après une ONG d'assistance aux prisonniers politiques. Des rapports non confirmés font état d'interpellations supplémentaires.

Après le déploiement dimanche de véhicules blindés dans certaines villes du pays, les foules étaient toutefois moins nombreuses dans les rues. Par ailleurs, les généraux continuent à s'attaquer aux outils de communication : pour la quatrième fois depuis le putsch, les connexions internet ont été presque totalement coupées dans la nuit de lundi à mardi, avant d'être restaurées huit heures plus tard.

L'armée, qui dispose de deux soutiens de taille aux Nations Unies – Pékin et Moscou –, fait la sourde oreille face aux multiples condamnations internationales et aux sanctions annoncées par Washington. Et pour cause, pour le chef de la junte, Min Aung Hlaing, paria au plan international en raison des exactions commises contre les musulmans rohingyas en 2017, la crise en Birmanie reste "une affaire intérieure".

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