Birmanie : un groupe musulman lié à l’Arabie saoudite à l’origine de violences?
Lors de l’opération militaire, des dizaines de personnes ont été tuées et 27.000 Rohingyas, qui appartiennent à une minorité musulmane, ont fui au Bangladesh. Ces derniers ont livré des récits d’atrocités commises par l'armée: viols en réunion, tortures, meurtres, massacres… Le gouvernement birman a rejeté ces allégations. Il explique devoir faire face à des centaines de «terroristes».
Le rapport des experts de l'ICG est la première enquête indépendante sur la situation dans l’Etat de Rakhine (ou Arakan). Selon ce document, l’apparition du groupe Harakah al-Yaqin, «bien organisé, apparemment bien financé», risque de «changer la donne» pour le gouvernement birman qui tente de s’attaquer aux problèmes complexes de cette région. Parmi les principaux problèmes : les discriminations et la répression contre les Rohingyas.
Le rapport dénonce le recours à «des moyens militaires disproportionnés» qui «pourraient créer les conditions pour une radicalisation accrue de la population rohingya». Un phénomène que «pourraient exploiter des djihadistes transnationaux».
Emigré en Arabie saoudite
Harakah al-Yaqin a fait son apparition après les violences de 2012 qui avaient fait près de 200 morts dans la région, principalement parmi les musulmans. Des violences parfois qualifiées de véritable «nettoyage ethnique». Le groupe aurait passé des années à recruter et à former des combattants au Bangladesh et dans le nord de l'Etat birman de Rakhine.
L’ICG a interrogé plusieurs de ses membres. Selon cette source, le leader de ce groupe serait Ata Ullah, Rohingya né au Pakistan et qui a émigré en Arabie saoudite. Ce dernier apparaît sur plusieurs vidéos postées après les attaques. Objectif du mouvement : faire progresser les droits politiques de la minorité musulmane rohingya persécutée.
Les Rohingyas, qui sont de langue indo-européenne, sont apatrides et considérés comme des étrangers en Birmanie. Et ce alors que certains de ses membres y vivent depuis des générations. Leur citoyenneté n'est pas reconnue par ce pays à 95% bouddhiste. Ils vivent marginalisés, dans des conditions misérables. Ils appartiennent à l’une des minorités le plus persécutées au monde.
Une montée de nationalisme bouddhiste en Birmanie ces dernières années a attisé l'hostilité à leur encontre. Le pays est dirigé depuis mars par un gouvernement civil, emmené par Aung San Suu Kyi, après un demi-siècle de dictature militaire.
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