Boeing disparu : ce que les boîtes noires peuvent nous apprendre
Les enquêteurs ont détecté au large de l'Australie des signaux qui seraient ceux des deux boîtes noires du vol MH730. Un robot doit être envoyé sur zone pour tenter de les retrouver.
Les recherches touchent-elles au but dans l'océan Indien ? Lundi 7 avril, un navire australien a détecté plusieurs signaux "compatibles" avec ceux qu'émettraient les boîtes noires du Boeing 777 de Malaysia Airlines. Trente jours après la disparition de l'appareil, cette découverte est cruciale : un mois, c'est la durée moyenne après laquelle les balises des boîtes noires cessent d'émettre. Sans signal, il avait fallu près de deux ans pour retrouver les boîtes du vol Rio-Paris disparu en 2009.
Mais que contiennent ces boîtes noires ? Pourront-elles vraiment lever les nombreuses zones d'ombre qui subsistent sur le crash du vol MH730 ? Francetv info vous dit tout sur ces équipements clés dans l'enquête sur la catastrophe.
Une boîte noire, c'est quoi ?
Déjà, les boîtes noires ne sont pas noires, mais orange. Et recouvertes de bandes réfléchissantes, histoire d'être visibles au fond de l'océan. Un avion en a toujours deux, localisées dans la queue de l'appareil, la partie qui résiste le mieux aux accidents. En plus de la fameuse balise, les boîtes noires se composent d'une partie qui enregistre des données et d'une partie qui les stocke.
Cette dernière, la plus importante en cas de crash, est entourée d'un blindage dur et de plusieurs couches de mousse isolante, conçus pour résister à des conditions extrêmes comme une température de 1 100°C ou une profondeur de 6 000 mètres. Ainsi, les boîtes noires du vol Rio-Paris n'ont été repêchées que deux ans après le crash du 1er juin 2009, mais elles étaient parfaitement utilisables.
Quelles données enregistrent-elles ?
Toutes deux n'ont pas la même fonction. Le FDR (Flight Data Recorder) enregistre des données techniques sur l'appareil, et ce pendant 25 heures. Les enquêteurs y trouveront plus de 1 300 informations différentes - vitesse de l'avion, altitude, fonctionnement des moteurs, inclinaison des ailes -, qui permettront de reconstituer la trajectoire du vol et de repérer un éventuel problème technique. Le FDR contient aussi des indications sur l'utilisation des commandes de l'appareil, notamment le manche, qui éclaireront peut-être le déroulement du drame du point de vue des pilotes.
L'autre boîte noire, c'est le CVR (Cockpit Voice Recorder). Ce dispositif enregistre toutes les conversations qui ont lieu dans le cockpit ainsi que les échanges entre les pilotes et les contrôleurs. Avec une limite cruciale : elle ne garde en mémoire que les deux dernières heures de vol.
Que peuvent en tirer les enquêteurs ?
D'ordinaire très utile, le CVR risque de ne pas apporter beaucoup d'éléments pour élucider le mystère du vol de Malaysia Airlines. En effet, l'avion a continué à voler pendant au moins sept heures après avoir brusquement changé de trajectoire et disparu des radars. "Il est possible qu'on ait un silence total sur cette boîte noire si, comme on le suspecte, les deux pilotes étaient inconscients" pendant les dernières heures du vol, acquiesce Nicolas Chateauneuf, journaliste de France 2 spécialisé sur les questions de défense.
"C'est le drame de cette histoire", déplore François Nénin, journaliste spécialiste de la sécurité aérienne et auteur de Ces avions qui nous font peur, les dossiers noirs du transport aérien (Flammarion), interrogé par francetv info. "On ne saura pas s’il y a eu une intrusion terroriste, s’il y a eu un feu dans la cabine, les réactions des pilotes, leurs derniers mots. (…) On n'aura pas la genèse du crash." Même si, souligne Nicolas Chateauneuf, ce silence serait "une info en soi".
En outre, l'étude des impulsions du manche, incluses dans les données du FDR, permettrait au moins de savoir, selon François Nénin, "s'il y a eu une dispute entre les deux pilotes aux commandes, ou des actions franches" pour réagir à une situation d'urgence.
Les boîtes noires ne sont de toute façon pas le seul moyen de connaître le sort du vol MH730. "C’est très important d’avoir aussi les débris", rappelle Nicolas Chateauneuf. "La manière dont ils ont été abîmés et leur répartition" permettra de déterminer si le Boeing a heurté la surface en un seul morceau ou s'il s'est désintégré en vol. Enfin, "les corps aussi peuvent nous apprendre des choses", notamment dans l'hypothèse d'un incendie qui aurait intoxiqué les passagers et l'équipage. C'est donc une deuxième enquête qui va s'ouvrir, pour retrouver cette fois la carcasse de l'avion. Une enquête dans laquelle l'emplacement des boîtes noires est un premier indice précieux.
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