Birmanie : la dirigeante Aung San Suu Kyi arrêtée après un coup d'Etat militaire
L'armée a, dans la foulée, proclamé l'état d'urgence pour un an. Le pays était sorti il y a tout juste dix ans d'un régime militaire au pouvoir pendant près d'un demi-siècle.
Un coup d'Etat a été perpétré par l'armée en Birmanie, lundi 1er février, et l'état d'urgence a été proclamé pour un an. La cheffe du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi, a été arrêtée et des généraux ont été placés aux principaux postes du pouvoir. Ce coup d'Etat intervient alors que le Parlement issu des dernières législatives devait entamer sa première session dans la journée.
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Les militaires ont déclaré qu'ils souhaitaient préserver la "stabilité" de l'Etat, au cours d'une annonce diffusée sur leur chaîne de télévision, NAME. Ils accusent la commission électorale de ne pas avoir remédié aux "énormes irrégularités" qui ont eu lieu, selon eux, lors des législatives de novembre, remportées massivement par le parti d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), au pouvoir depuis les élections de 2015. Ils exigeaient que la commission électorale dirigée par le gouvernement publie la liste des électeurs à des fins de vérification – ce que la commission n'a pas fait.
Tout comme Aung San Suu Kyi, le président de la République, Win Myint, a lui aussi été arrêté, tôt dans la matinée. "Nous avons entendu dire qu'ils étaient détenus à Naypyidaw", la capitale du pays, a précisé à l'AFP le porte-parole de la LND, Myo Nyunt. Ce dernier ajoute que plusieurs autres responsables ont aussi été interpellés. L'armée s'est ensuite emparée de l'hôtel de ville de Rangoun, la capitale économique du pays, et l'accès à son aéroport international était bloqué par des militaires, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les télécommunications, portables et internet, étaient gravement perturbées, a relevé l'ONG spécialisée Netblocks (en anglais).
Condamnations internationales
Selon le communiqué de l'armée, le général Min Aung Hlaing va désormais concentrer les pouvoirs "législatif, administratif et judiciaire", tandis qu'un autre général, Myint Swe, qui occupait les fonctions de vice-président, a été désigné président par intérim, un poste largement honorifique.
Les Etats-Unis et l'Australie ont rapidement réagi à ces événements. "Les Etats-Unis s'opposent à toute tentative de modifier le résultat des récentes élections (...) et prendront des mesures contre les responsables", a averti la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, dans un communiqué. La ministre des Affaires étrangères australienne, Marise Payne, a réclamé la libération immédiate des dirigeants civils et à appelé au respect de "l'état de droit". Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a pour sa part "condamné fermement" l'arrestation d'Aung San Suu Kyi.
Ces développements portent un coup dur aux réformes démocratiques en Birmanie.
Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU
Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Birmanie prévue de longue date pourrait prendre un caractère d'urgence et être avancée en début de semaine en raison des derniers développements, a appris l'AFP de source diplomatique.
Le parti d'Aung San Suu Kyi, très critiquée par la communauté internationale pour sa gestion de la crise des musulmans rohingyas (des centaines de milliers d'entre eux ont fui en 2017 les exactions de l'armée et se sont réfugiés au Bangladesh, voisin) mais toujours adulée par une majorité de la population, avait remporté une victoire écrasante en novembre. Il s'agissait des deuxièmes élections générales depuis 2011, année de la dissolution de la junte.
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