Thaïlande : le roi Maha Vajiralongkorn officiellement couronné
Ce sacre est l'occasion pour le monarque de s'afficher comme le garant de l'unité du royaume, très divisé après les élections législatives du 24 mars.
Il a posé lui-même sur sa tête la "Grande Couronne de la victoire", de plus de 7 kg, en émail doré et sertie de pierres précieuses. Maha Vajiralongkorn, monarque imprévisible à la personnalité déroutante, a été couronné roi de Thaïlande, samedi 4 mai. Monté sur le trône au décès de son père Bhumibol Adulyadej en 2016, son couronnement avait été retardé afin de pouvoir respecter une période de deuil en l'hommage du roi défunt.
Les cérémonies autour du couronnement, qui mêlent rites bouddhistes et brahmanistes hérités de l'Inde, vont se prolonger jusqu'à lundi. Dimanche, un grand défilé sera organisé au cours duquel le roi sera transporté dans un palanquin doré porté par des soldats.
Garant de l'unité
Ce couronnement est l'occasion pour Maha Vajiralongkorn, 66 ans, de s'afficher comme le garant de l'unité du royaume, qui a connu douze coups d'Etat depuis 1932, dont deux au XXIe siècle.
D'autant que la Thaïlande reste politiquement très divisée après les élections législatives du 24 mars, les premières depuis la prise du pouvoir par l'armée en 2014. Plus d'un mois après le scrutin, les deux camps pro-junte et anti-junte revendiquent la victoire, cherchant à former une coalition pour obtenir une majorité à la chambre basse du Parlement. Et l'opposition dénonce de nombreuses fraudes. Les résultats définitifs ne seront connus qu'après les cérémonies du couronnement d'ici au 9 mai afin de garantir au maximum la stabilité du pays.
Pour Paul Chambers, spécialiste de politique thaïlandaise à l'Université de Naresuan, dans le nord du pays, ce sacre permet au moins momentanément "de détourner l'attention d'une partie de la population".
Une forte emprise sur les affaires royales
Maha Vajiralongkorn, monarque d'un pays où royauté et armée sont intrinsèquement liées, n'a pas attendu d'être couronné pour resserrer son emprise sur les affaires royales, prenant de court les observateurs qui le prédestinaient à régner sans beaucoup s'investir. Il est notamment intervenu directement pendant la campagne des législatives en opposant une fin de non-recevoir à la candidature de sa sœur aînée au poste de Premier ministre pour un parti dans l'opposition, et a apporté un soutien subliminal aux militaires.
En 2017, il avait pris le contrôle direct du Crown Property Bureau, qui gère les dizaines de milliards d'actifs de la fortune royale et s'est aussi opposé à plusieurs amendements constitutionnels qui auraient pu restreindre ses prérogatives.
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