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En Australie, les jeunes aborigènes sont surreprésentés en prison

Amnesty International a publié le 2 juin 2015 un rapport accablant pour le gouvernement australien. On y apprend qu'il y a de plus en plus d'enfants et d'adolescents aborigènes emprisonnés. L'ONG exhorte l'Australie à prendre rapidement des mesures pour inverser la tendance.
Article rédigé par Laura Bruneau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un enfant aborigène en Australie (HEATON / ONLY WORLD / ONLY FRANCE)

Dans son rapport intitulé «A brighter tomorrow : Keeping Indigenous kids in the community and out of detention in Australia» (Un lendemain plus lumineux : garder les enfants aborigènes dans la communauté et à l'extérieur des prisons), Amnesty International dénonce et condamne la «surreprésentation»  des jeunes aborigènes dans les prisons australiennes. Ce que Mick Gooda, commissaire à la justice sociale pour les aborigènes et les indigènes du détroit de Torrès, a qualifié «d'épidémie». 
 
L'ONG estime que ces jeunes ont 26 fois plus de risques d'être incarcérés que les autres. La catégorie des 10-17 ans ne représente que 5% de la population totale alors qu'elle constitue 59% de la population carcérale dans cette classe d'âge.
 
Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty en Australie, a mis en avant la forte propension à la récidive des enfants et adolescents incarcérés. De plus, ils ne se réinsèrent que très difficilement. 
 
La responsabilité de l'Etat australien
Dans ce rapport de 44 pages, Amnesty International fait 16 recommandations au gouvernement australien. L'organisation de défense des droits de l'Homme demande notamment une nouvelle législation qui garantirait le placement en détention provisoire des mineurs en attente de procès uniquement dans les cas extrêmes. Ainsi que le placement en détention des moins de 17 ans seulement en ultime recours dans le but d'éviter les incarcérations inutiles ou néfastes.
 
Le système judiciaire australien n'est pas conforme à la Convention internationale des droits des enfants (CIDE) des Nations Unies. Texte que l'Australie a pourtant ratifié. Mais le système fédéral du pays permet aux Etats d'y déroger. Par exemple, en Australie, un enfant peut être jugé responsable de ses actes dès 10 ans alors que la CIDE déclare les enfants irresponsables jusqu'à 12 ans, souligne Le Petit Journal.
 
L'Australie a été vivement critiquée pour sa politique d'incarcération des mineurs par les Nations Unies et les associations de défense des droits de l'Homme.
 
Chaque enfant incarcéré coûte près de 440.000 dollars par an au contribuable, une somme qui pourrait être dédiée à des projets de prévention de la délinquance et de réinsertion, estime Amnesty.
 
La longue histoire des aborigènes en Australie
L'emprisonnement des jeunes aborigènes est une discrimination supplémentaire subie par cette population qui a déjà vécu massacres, dénigrement et persécutions. Dans le passé, leurs enfants étaient enlevés pour être confiés à des familles blanches. Présents sur le territoire australien depuis plus de 40.000 ans, les aborigènes forment aujourd'hui la population la plus marginalisée et la plus pauvre du pays. Ils ne sont plus que 470.000 sur 23 millions d'habitants en Australie.
 
Ce rapport a été publié quelques jours après le 26 mai 2015. C'est à cette date qu'est célébré chaque année depuis 1998 le Sorry Day (mot-à-mot: journée d'excuses). Une journée annuelle pendant laquelle l'Australie rend hommage à la culture aborigène et demande pardon pour tous les maux dont cette population a été victime depuis la colonisation.
 
Malgré cela, la consommation de drogue, d'alcool et la violence reste aujourd'hui très importantes au sein de cette communauté. 

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