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L'Ouzbek Gulnara Karimova, l'héritière qui n'a pas un bon curriculum

La fille aînée du président ouzbek s'est livré à une attaque en règle contre de hauts responsables de son pays. Représentante de l'Ouzbékistan auprès des Nations-Unies, cette femme d'affaires impliquée dans des projets culturels se défend d'avoir l'ambition de remplacer un jour son père, âgé de 75 ans.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Gulnara Kamirova, le 17 août 2012, à Chirchik près de Tachkent. (AFP/MUHAMMAD SHARIF)

Agée de quarante ans, Gulnara Karimova s’est plainte lors d’une conférence de presse de trois heures à Tachkent, de l’incompétence de hauts responsables de son pays. Ces derniers, qualifiés de «corrompus» et «d’imbéciles»  ne sont «pas capables de mettre en œuvre les décrets et les lois de l’Ouzbékistan». Cette diplômée d’Harvard s’est abrité, pour faire ces déclarations, derrière l’exercice de la démocratie en Ouzbékistan. 

Une femme entreprenante
Représentante de son pays auprès des Nations-Unies, à Genève, et ambassadrice en Espagne, la fille aînée du président Karimov est bien connue dans les milieux d’affaires et la haute société internationale. Passionnée par la mode, elle a créé une ligne de cosmétiques, des bijoux ainsi que des vêtements. Elle s’implique également dans le monde de la culture, co-signant une série TV sur l’origine de la soie en Asie centrale. Sous le nom de Googoosha, elle a notamment chanté en duo avec Gérard Depardieu.
 
Cette femme protée, au dynamisme percutant, a-t-elle des ambitions politiques, le désir encore caché de remplacer son père, Islam Abdouganievitch Karimova?. Ancien apparatchik, élu président en 1989, celui-ci tient toujours d’une main de fer les rênes du pouvoir.

Cette carrière, que lui prédisent certains observateurs, pourrait commencer lors des élections parlementaires prévues en 2014, et pour la présidentielle de 2015. Interrogée sur ses intentions, celle qui est aussi conseillère ministérielle et vice-ministre des Affaires Etrangères a répondu de façon sibylline: «Si vous voulez faire rire Dieu, dites lui ce que  vous allez faire dans les cinq prochaines minutes».


 
Violence et corruption
Le père de Karimova traîne derrière lui une réputation des plus sulfureuses. Sans cesse réélu depuis 1990 avec des scores frôlant la barre des 90%, il est notamment accusé d’avoir fait tirer à la mitrailleuse lourde sur une foule de manifestants, à Andjian (est du pays), le 13 mai 2005. Plusieurs centaines de ceux, qui avaient choisi de participer, pour la première fois, à une manifestation -silencieuse-, ont ainsi été tués.
 
Après cette tuerie, l’Europe avait décreté un embargo sur les ventes d’armes à ce pays. Mais, à la suite de l’aide apportée par le régime aux forces occidentales lors de la guerre d’Afghanistan, l’embargo a été levé.
 
L’Ouzbékistan pointe également en mauvaise place en matière de corruption. Il arrivait en 2010, à la quatrième place des pays les plus touchés par ce phénomène, selon Transparency International.
 
L'effet Wiki Leaks 
Avec cet exemple sous les yeux, Gulnara Karimova, si elle se laisser tenter par les démons de la politique, aurait un incroyable défi à relever. Mais, déjà, avec son activité tous azimuts, elle porte des stigmates qu'elle aura du mal à effacer. En effet, des câbles envoyés par l’ambassade américaine de Tachkent, que Le Temps s’est procuré auprès de Wiki Leaks, sont sans appel. Elle a été, pendant plusieurs années à la tête d’une société, Zeromax, domiciliée en Suisse, qui contrôlait étroitement le secteur des hydrocarbures de l’Ouzbékistan. Une note de l’ambassade américaine de 2008 indique que l’héritière est « éxécrée » par les milieux d’affaires en raison de son « comportement de rapace ».
 
Les titres de gloire de Gulnara comprennent également un rôle-clé dans l’examen des appels offres organisés en Ouzbékistan.

Alors cette affairiste, très people, fan des fashion weeks, est nantie d’une image négative à l’intérieur des frontières de son pays. Son côté glamour, risque fort de ne pas suffire pour combler le déficit de démocratie en Ouzbékistan, quoi qu’elle entreprenne. 

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