Cet article date de plus de huit ans.

La détention, préalable à l’immigration en Australie

Réputée très restrictive, la politique australienne s’appuie sur une étude très serrée des demandes d’asile. Cette notion est apparue dès 1992, face à l’arrivée de bateaux de migrants d’Indochine. Le principe veut qu’un migrant arrivant en Australie sans visa est en situation de détention, tout le temps de l’analyse de son cas, jusqu’à l’autorisation de séjour ou non.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Brisbane le 12 avril 2014: manifestation pour réclamer la fermeture du centre de rétention de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Cette politique de détention a pour but de s’assurer que le migrant répond à différents critères de santé, de moralité, et qu’il peut être aisément refoulé en cas de refus d’accueil. Cela vaut à la fois pour les migrants économiques, mais aussi pour les demandeurs d’asile.
 
Non seulement l’Australie est le seul pays à pratiquer la détention des migrants, mais en plus, Canbera a installé ce centre dans un pays étranger, sur l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée. En 2012, le pays a rouvert le centre fermé par la gauche. Un autre centre de détention se trouve sur l’île de Nauru petit Etat ruiné qui se fait payer pour accueillir ce centre. Les conservateurs au pouvoir ont relancé une politique particulièrement décriée. Fin 2012, il y avait 19.376 réfugiés, 14.000 hommes et 2200 femmes détenus, et 2900 enfants dans des centres.
 
En premier lieu, il s’agit de détention arbitraire on l’a vu précédemment, en contradiction avec les usages internationaux. Ensuite, la durée de la détention ne cesse de s’étendre. L’Assemblée nationale australienne donne au 31 octobre 2011 le chiffre de 39% des demandeurs d’asile ayant dépassé les douze mois de détention.
 
Enfin, la détention des enfants est aussi pointée du doigt. Leur nombre ne cesse de croître, provoquant la colère des ONG. Depuis 2011, les enfants sont placés dans des communautés, alternative à la prison. Fin décembre 2012, ils étaient 1200.
 
Une méthode contestée dans le pays
Si la politique australienne est très décriée par les ONG à l’étranger, en interne aussi les actions se multiplient pour faire cesser ces détentions «off-shore». Récemment, une Bangladaise détenue à Nauru est allée en justice. Elle espérait ne pas avoir à rejoindre le centre de détention après avoir accouché sur le continent.
 
Mais la Haute cour de justice ne lui a pas donné raison. Elle a rendu sa décision le 3 février 2016. Une victoire qui renforce les convictions du gouvernement. «On ne va pas autoriser des gens qui cherchent à venir chez nous en bateau à s'installer ici de manière permanente», a déclaré le ministre de l’Immigration Peter Dutton, rapporte Radio Australia. «On veut donc faire en sorte de mettre en place un système de protection des frontières aussi solide que nécessaire, parce que sans cela, comme on le voit en Europe actuellement, des millions de gens chercheraient à venir chez nous en bateau.»
 
270 migrants dont 37 bébés attendaient cette décision. Rien ne s’oppose désormais à ce qu’ils retournent sur l’île de Nauru
 
Le plus surprenant de la politique d’immigration de l’Australie est peut-être dans l’accord passsé en fin 2013 avec le Cambodge. Moyennant finances, le Cambodge va accueillir des migrants dont l’Australie a accepté de reconnaître le statut de réfugié. Canberra parle clairement de «relocalisation», basée sur le volontariat. En accueillant ces personnes, Phnom Penh percevra 28 millions d’euros sur quatre ans.
 
Triste maquignonnage de la part d’un pays qui, malgré sa taille, accueille les migrants au compte-gouttes. 20.000 demandes d’asile en 2013. Quant à l’épineux dossier des réfugiés syriens, l’Australie a déclaré pouvoir en accueillir 12.000. Mais l’étude de leur dossier pourrait prendre 18 mois… De quoi décourager les volontaires.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.