La Papouasie-Nouvelle-Guinée entre deux premiers ministres
Le pays est en fait un archipel d’une vingtaine d’îles (dont l’une porte le nom de Nouvelle-Bretagne) où vivent 7 millions d’habitants parlant plus de 800 langues.
La nouvelle nation, très pauvre, ne manque pourtant pas de richesses : elle possède notamment d’importantes réserves de gaz et d’or. Le géant américain ExxonMobil y pilote ainsi un important projet pour la production de gaz naturel liquide pour un montant d’une quinzaine de milliards de dollars.
Mais les débuts de la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont été difficiles. Et le passé récent a été marqué par l’instabilité, la corruption et la violence. En 2001, un accord de paix, signé à Arawa, capitale de l’île de Bougainville, riche en cuivre, a mis fin à un conflit séparatiste, vieux de 12 ans, qui aurait fait près de 20.000 morts (sur 200.000 habitants) dans cette province.
Feuilleton politique
Aujourd’hui, le pays est à nouveau plongé dans une grave et complexe crise politique. Il possède ainsi deux premiers ministres qui sont à couteaux tirés. Le premier des deux chefs de gouvernements, Michael Somare, ancien enseignant de 76 ans, est le «père» de l’indépendance. Son concurrent, Peter O’Neill, 47 ans a été homme d’affaires avant de devenir député.
A l’été 2011, alors que Michael Somare se trouve à Singapour depuis plusieurs mois en raison de deux opérations au cœur, le Parlement, constatant une vacance du pouvoir, décide de le remplacer par Peter O’Neill. Estimant que la procédure constitutionnelle de vacance du pouvoir n’a pas été respectée, Somare continue à revendiquer la légitimité du pouvoir. Une thèse validée par la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Se basant sur la légitimité du Parlement et soutenu par la police et l’armée, Peter O’Neill refuse. En janvier 2012 éclate une mutinerie. Les rebelles demandent le rétablissement dans ses fonctions de Michael Somare, estimant qu’il a été évincé de façon illégale. Mais ils finiront par se rendre.
[{iframe:http://www.youtube.com/embed/TjJk15so-Ak}]
Euronews, 26-1-2012
«Accolades ostentatoires»
Officiellement, Peter O’Neill reste au pouvoir. S’ensuit une querelle entre son gouvernement et la Cour suprême qui demande une seconde fois le rétablissement du «père» de l’indépendance. Les deux hommes continuent donc à se disputer le pouvoir.
Des élections législatives sont organisées en juin-juillet. De l’avis d’observateurs internationaux, elles sont marquées «par de nombreuses carences au niveau des listes électorales, des violences sporadiques (qui ont fait une douzaine de morts à la suite d’affrontements entre partisans de candidats rivaux (…) et des manœuvres de corruption».
D’abord prévue pour le 27 juillet, l’annonce des résultats est finalement reportée. Surprise, les deux frères ennemis tiennent ensemble une conférence de presse, «assortie d’accolades ostentatoires», raconte Tahiti-Infos. Ils affichent leur volonté de tourner la page et de travailler ensemble «pour le bien du pays». Ils vont donc former une coalition gouvernementale. La fin ou l’énième péripétie du feuilleton politique local ?
La situation en Papouasie-Nouvelle-Guinée
CICR de Paris, 3-2-2010
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Pourquoi le nom de Papouasie-Nouvelle-Guinée
Le nom double de Papouasie-Nouvelle Guinée lui vient de ses origines. L’île principale de Nouvelle-Guinée (dont le pays n’occupe que la moitié, l’autre moitié étant sous souveraineté indonésienne) fut d’abord peuplée il y a environ 25.000 ans par les Papous, ensuite rejoints par les Mélanésiens. En 1546, les Espagnols occupent le territoire qu’ils nomment Nuevo Guinea (Nouvelle-Guinée) : ils pensaient que les populations locales étaient les mêmes que les tribus d’Afrique de l’Ouest.
Au XIXe, les Britanniques débarquent en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Occupée par les Japonais pendant la Seconde guerre mondiale, elle est ensuite administrée par l’Australie et acquiert son indépendance en 1975.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.